Stellantis compte sur sa nouvelle stratégie chinoise pour traverser l’orage des droits de douane
par Nora Eckert
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AUBURN HILLS, Michigan, Etats-Unis (Reuters) – Le constructeur automobile Stellantis continuera de réduire agressivement ses coûts pour se mesurer à la concurrence chinoise, plutôt qu’adopter une stratégie « défensive » incarnée selon lui par les droits de douane européens sur les importations de véhicules électriques chinois, a dit jeudi son directeur général.
Au cours d’une journée investisseurs aux Etats-Unis, Carlos Tavares a promis que malgré l’intensification de la concurrence, Stellantis continuera « à être (le leader) de ce marché en terme de profitabilité. »
Il a également confirmé sa nouvelle stratégie chinoise « asset light », axée sur une production locale allégée sous licence et privilégiant l’export vers la Chine.
La veille, l’Union européenne a annoncé de nouveaux droits de douane allant jusqu’à 38,1% sur les importations de véhicules chinois. Pékin s’est élevé contre cette décision, qualifiée de protectionniste, et a dit espérer que Bruxelles puisse régler ce différend commercial par le dialogue.
Carlos Tavares a critiqué par le passé la perspective d’une taxation supplémentaire des voitures chinoises importées, qui fait craindre des représailles de la part de la Chine.
« Ce qui est clair, c’est que nous ne voulons pas être sur la défensive », a-t-il dit jeudi, en référence aux nouveaux droits de douane. « Notre stratégie, qui reste une stratégie ‘asset light’, doit nous assurer que nous surfions sur la vague de l’offensive chinoise. »
« Notre stratégie ‘asset light’ en Chine est bien plus robuste que celle de nombre de nos concurrents », a ajouté Carlos Tavares, pour qui les droits de douane essayaient de corriger un profond fossé en terme de compétitivité, une situation dont il n’est pas certain qu’elle soit pérenne.
Stellantis a fait l’acquisition d’une participation de 21% dans le constructeur automobile chinois Leapmotor et créé avec lui une co-entreprise, dont Stellantis détient 51%, permettant au groupe né de la fusion entre PSA et FCA de vendre et fabriquer des véhicules Leapmotor hors de Chine.
Le constructeur franco-italo-américain, propriétaire de 14 marques dont Peugeot, Fiat, Jeep ou Ram, a également maintenu ses objectifs financiers 2024 et confirmé que sa marge opérationnelle ajustée se situerait entre 10% et 11% au premier semestre de l’année.
Le groupe avait déçu en avril avec cet objectif de marge semestrielle, dans le bas de la fourchette de ses prévisions, mais Carlos Tavares a redit jeudi que l’ambition d’une marge à deux chiffres, une des marques de fabrique du dirigeant, restait « intacte » malgré les vents contraires.
Stellantis a aussi déclaré qu’il souhaitait verser au moins 7,7 milliards d’euros en dividendes et rachats d’actions en 2024 et dit viser le haut de sa fourchette de 25 à 30% pour le taux de distribution du dividende en 2025, contre 25% les années passées.
L’un des constructeurs automobiles les plus rentables du secteur, avec une marge opérationnelle de près de 13% en 2023, Stellantis a vu son chiffre d’affaires baisser de 12% au premier trimestre, un point bas dans son cycle produit en attendant qu’une salve de nouveaux modèles prenne la relève sur la deuxième partie de l’année.
La directrice financière Nathalie Knight a précisé qu’au second semestre, 15-20% du chiffre d’affaires proviendraient de nouveaux lancements programmés cette année, contre moins de 10% au premier semestre, et encore davantage en 2025.
Carlos Tavares a également indiqué que les synergies annuelles tirées de la fusion entre PSA et FCA se montaient désormais à 8,4 milliards d’euros, contre quatre milliards à la création de Stellantis.
(Nora Eckert à Auburn Hills, Giulio Piovaccari à Milan, Gilles Guillaume à Paris)