Nissan: Le pdt de Renault auditionne un nombre resserré de candidats
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.TOKYO (Reuters) – La course à la tête de Nissan s’est resserrée d’un cran autour de trois vétérans de Renault-Nissan, auditionnés par le président de Renault à la veille du 4e conseil opérationnel de l’alliance au Technocentre, à l’ouest de Paris, ont dit à Reuters des sources proches du dossier.
Le président du constructeur automobile français Jean-Dominique Senard, un des membres du comité des nominations de Nissan, s’est entretenu avec des postulants au poste de directeur général du groupe japonais de visu ou via vidéo-conférence, ont ajouté les sources.
Deux des principaux candidats désormais en lice sont des vétérans de Nissan – le directeur général en exercice Yasuhiro Yamauchi et l’ancien patron de Nissan pour la Chine, Jun Seki. Selon les sources, ils font figure de favoris mais Nissan et Renault ont également maintenu le dialogue avec Ashwani Gupta, un vétéran du groupe au losange et de l’alliance, ainsi qu’avec un possible candidat externe.
Né en Inde, Ashwani Gupta, 49 ans, a rejoint Renault en 2006, travaillé pour Renault-Nissan entre 2008 et 2011, puis spécifiquement pour Nissan pendant quatre ans en tant que directeur du programme global de la marque Datsun.
Il est ensuite revenu chez Renault en 2014 en tant que vice-président de la division des véhicules utilitaires du constructeur français. A partir de 2017, il a occupé la même fonction à l’échelle de l’alliance puis été nommé en avril dernier directeur général délégué de Mitsubishi, troisième partenaire de l’alliance.
Le soutien de Renault est central pour tout candidat à la succession d’Hiroto Saikawa, qui a démissionné mi-septembre après avoir admis avoir bénéficié de primes indues, tout comme l’est le feu vert du ministère japonais de l’Economie alors que l’alliance est souvent jugée au Japon déséquilibrée en faveur du partenaire français.
Renault et Nissan ont tous deux refusé de faire un commentaire.
Selon les sources, parmi les sujets abordés par Jean-Dominique Senard lors des discussions figure la capacité et la volonté du futur DG de défendre le niveau de dividende versé par Nissan. Celui-ci a été fortement réduit sur l’exercice clos fin mars dernier à la suite de la chute de 45% du bénéfice opérationnel de Nissan, amputant en retour les résultats du groupe au losange.
UN CHOIX STRATÉGIQUE
Selon une des sources proches du dossier, Yasuhiro Yamauchi est ressorti tout sourire de son entrevue avec Jean-Dominique Senard. Quant à Jun Seki, qui a également rencontré le président de Renault près de Paris, il a dit à ses collègues avoir « passé un très bon moment », selon un message que Reuters a pu voir.
Yasuhiro Yamauchi, particulièrement attaché à la discipline sur les coûts, a gravi les échelons durant les années Ghosn et il est soutenu par les managers les plus âgés, ont indiqué des sources au fait des discussions internes.
Jun Seki, est soutenu de son côté par une génération plus jeune qui incarne mieux à ses yeux le nouvel élan dont le groupe a besoin. En charge actuellement du redressement de Nissan, il travaille sur une restructuration plus drastique dont l’annonce pourrait intervenir début novembre.
Le choix du nouveau directeur général de Nissan est stratégique pour le partenariat franco-japonais qui a fêté cette année ses 20 ans, mais que la chute du fondateur Carlos Ghosn a fortement ébranlé. Le futur patron de Nissan optera, soit pour un approfondissement de l’alliance, soit pour une plus grande indépendance de la partie japonaise de l’édifice.
La question du choix d’un recrutement interne ou externe revient aussi régulièrement sur la table. La première option a pour avantage de fournir un opérationnel, bon connaisseur du groupe et prêt à l’action, tandis que la seconde privilégierait un regard neuf pour donner au deuxième constructeur nippon, et à son partenariat avec Renault, un nouveau départ.
« Nous voulons que le conseil d’administration (de Nissan) choisisse un leader en mesure de restaurer l’activité de Nissan et de nous libérer de la politique avec laquelle nous avons été contraints de composer », a dit une des sources.
Après une ère Ghosn marquée par la conjugaison d’un contrôle étroit sur les coûts et des objectifs d’expansion très ambitieux, le prochain directeur général de Nissan devra s’atteler à la difficile restructuration qui attend le groupe japonais. Et ce à une période où l’industrie automobile est confrontée à de délicates décisions d’investissement, notamment pour répondre à la demande en véhicules électriques en Chine et en Europe.
(Avec Gilles Guillaume à Paris, édité par Jean-Michel Bélot)