N’oubliez pas les chrétiens persécutés au Sri Lanka
Les systèmes politiques et médiatiques internationaux ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Depuis sa création en 2003, le Journal Chrétien, service de presse reconnu par l'Etat, est une force démocratique importante pour tous les chrétiens, les pasteurs et les églises parce qu'il les défend et fait éclater la vérité. Lire la suite.
Cinq ans après les terribles attentats qui ont coûté la vie à des centaines de chrétiens au Sri Lanka, le monde a oublié les 253 morts et les plus de 400 blessés, dont certains ne pourront plus jamais vivre comme avant. La Solidarité Chrétienne Internationale (CSI) a visité deux blessés graves que nous aidons depuis cinq ans.
La série d’attentats perpétrés par les islamistes le dimanche de Pâques 21 avril 2019 avait un seul objectif : tuer le plus grand nombre de personnes possible. Les kamikazes se sont fait exploser ce jour-là dans des hôtels-restaurants pendant le petit-déjeuner et dans des églises pleines à craquer pendant l’office. Que ce soit à Colombo, à Negombo ou sur la côte est, à Batticaloa, ils ont laissé derrière eux la souffrance et l’horreur. Alors que la vague médiatique est retombée depuis longtemps, CSI continue d’aider les victimes cinq ans après les attentats.
Des éclats dans la tête
Cheliyan Ithayamatan était assis avec ses deux fils au premier rang de la Zion Church protestante, tandis que son épouse Anulekha aidait à la réception. Le kamikaze a déclenché la bombe dans l’entrée. Une détonation, le feu, la fumée… le chaos était complet. Au final, ce sont vingt-sept personnes qui sont mortes et plus de cent qui ont été blessées.
Cheliyan a immédiatement renvoyé ses fils à la maison et il a tenté de trouver sa femme, qu’il a finalement découverte allongée dans une mare de sang, à côté de l’entrée. « Je me suis assis à côté d’elle et j’ai pensé : maintenant, nous allons mourir », a raconté Cheliyan aux visiteurs de CSI.
Mais Cheliyan et Anulekha ne sont pas morts. Pourtant, le chemin qu’ils parcourent depuis cinq ans est extrêmement difficile. Des éclats de bombe ont touché la tête d’Anulekha et ont fait éclater une partie de sa boîte crânienne. Un os artificiel a été inséré au prix d’opérations délicates. Anulekha est désormais clouée au lit, elle souffre de lésions cérébrales, est hémiplégique et doit être alimentée artificiellement. Après plusieurs mois de physiothérapie, Anulekha a enfin réussi à lever le bras gauche. Dans son lit, elle nous a même souri.
CSI prend en charge les coûts des opérations, de la physiothérapie et des soins à domicile. Une aide-soignante vient pendant la journée ; après sa journée de travail, Cheliyan se charge de l’alimentation artificielle, du changement des couches et de la surveillance de nuit auprès de sa femme.
Savoir que des inconnus pensent à eux signifie beaucoup pour Cheliyan qui se sent ainsi soutenu par la prière. Son plus grand souhait ? « Que ma femme se rétablisse, pour que la famille soit à nouveau intacte. » Mais, les larmes aux yeux, il ajoute « nos plans ne sont pas toujours les plans de Dieu ».
Une bombe éclate au milieu d’un groupe d’enfants
Le mari de Jeyanthimala est mort il y a sept ans. Vendeuse dans une boutique de mode d’un centre commercial, elle devait même travailler le dimanche pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille Kishani. Ainsi, à Pâques, il y a cinq ans, elle s’est rendue au travail après avoir emmené sa fille alors âgée de 8 ans à l’école du dimanche.
Lorsque la bombe a explosé, Kishani jouait avec les autres enfants dans la cour devant l’église. Plusieurs de ses amies sont mortes à côté d’elle. Miraculeusement, elle a survécu, mais des éclats de bombe l’ont touchée à l’épaule droite. Son bras était paralysé.
Pour une première opération, Kishani a dû être transférée à Colombo. Une physiothérapie intensive a suivi. Cela lui a permis de bouger à nouveau le bras droit, mais sa main était toujours inerte.
Trois mois après l’attentat, elle est retournée à l’école pour la première fois. Avec beaucoup de volonté, elle a appris à écrire de la main gauche et a même réussi un examen permettant d’entrer à l’école supérieure.
Mais les médecins n’ont pas encore perdu l’espoir de sauver la main droite de Kishani. Une prochaine opération est prévue pour la jeune fille qui a maintenant 12 ans. « Je suis reconnaissante de l’aide que je reçois encore pour les traitements de Kishani », nous dit sa maman.
Pour aider sa fille, Jeyanthimala a quitté son emploi. Mais elle peut encore subvenir à ses besoins grâce à la machine à coudre que lui a fournie le partenaire de CSI. En effet, elle a rapidement appris à s’en servir et a acquis une solide réputation d’excellente couturière. Elle nous présente fièrement la dernière robe qu’elle a confectionnée.
Rolf Höneisen