Les sanctions contre la Russie ravivent l’aversion au risque (actualisé)
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVpar Marc Angrand
PARIS (Reuters) – Les principales Bourses européennes sont attendues en forte baisse lundi après un week-end marqué par la poursuite des combats en Ukraine, de nouvelles sanctions économiques visant la Russie et la décision de Vladimir Poutine de placer la force de dissuasion nucléaire russe en état d’alerte de combat, un enchaînement de facteurs exceptionnels qui attise l’aversion au risque.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une chute de 2,73% pour le CAC 40 à Paris, de 2,18% pour le Dax à Francfort, de 1,38% pour le FTSE 100 à Londres et de 2,78% pour l’EuroStoxx 50. Tous effaceraient donc la majeure partie de leurs gains de vendredi.
« Tant que la situation reste tendue en Europe de l’Est, les Bourses vont connaître une forte volatilité », résume Saxo Banque dans sa note du matin en soulignant que « pour la première fois depuis le début de l’année, nous avons assez peu de certitudes sur ce qui va survenir sur les marchés financiers dans un horizon proche ».
En Russie, le rouble a chuté de 30% pour tomber à son plus bas niveau historique, à 119,50 pour un dollar ,avant de réduire ses pertes grâce aux interventions de la banque centrale, qui a entre autres relevé son principal taux directeur à 20%, contre 9,5% jusqu’à présent.
Mais les autorités russes pourraient voir leurs capacités d’actions rapidement mises à l’épreuve: le nouveau train de sanctions annoncé ce week-end par l’Union européenne en coordination avec le G7 inclut en effet le gel des avoirs de la banque centrale russe hors de Russie, en plus de l’exclusion de la majeure partie des banques russes du système international de messagerie interbancaire SWIFT.
En mettant ainsi la Russie au ban des marchés financiers mondiaux, les pays occidentaux espèrent évidemment exercer une pression maximale sur Moscou pour obtenir l’arrêt de l’invasion de l’Ukraine. Une stratégie qui implique cependant des risques pour leurs propres marchés, à commencer par ceux des matières premières et de l’énergie, et pour l’économie mondiale, entre autres parce qu’elle est de nature à alimenter une inflation déjà préoccupante.
Goldman Sachs vient ainsi de relever sa prévision d’inflation en Europe cette année à 5% tout en soulignant que la hausse des prix du gaz péserait sur la croissance.
L’ensemble de ces facteurs incitent donc au repli sur les valeurs refuges jugées les plus solides, comme les emprunts d’Etat, le dollar et l’or.
LES VALEURS A SUIVRE :
A WALL STREET
Les contrats à terme sur les grandes indices américains préfigurent pour l’instant un repli de plus de 1,5% pour le Dow Jones et de près de 2% pour le Standard & Poor’s 500 et le Nasdaq.
Vendredi, la Bourse de New York a fini en nette hausse pour la deuxième séance consécutive, confirmant son rebond après avoir terminé dans le rouge en amont de l’offensive lancée par la Russie contre l’Ukraine.
Le Dow Jones a gagné 2,51%, ou 834,92 points, à 34.058,75, sa plus forte hausse depuis le début de l’année. Le S&P 500 a pris 95,95 points (+2,24%) à 4.384,65 et le Nasdaq Composite a avancé de 221,04 points (+1,64%) à 13.694,62. Tous les grands indices sectoriels du S&P-500 ont terminé la séance dans le vert.
Sur l’ensemble de la semaine, le Dow a abandonné 0,1% mais le S&P-500 a gagné 0,8% et le Nasdaq 1,1%.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei affiche en clôture un gain de 0,19% après une séance en dents de scie, les investisseurs étant tiraillés entre les craintes liées aux sanctions et l’espoir d’une solution négociée au conflit en Ukraine.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai a passé une bonne partie de la séance dans le rouge mais il a fini en hausse de 0,32% et le CSI 300 a pris 0,18%. À Hong Kong, le Hang Seng recule de 0,73% après avoir touché son plus bas niveau depuis le 24 mars 2020.
CHANGES/TAUX
Le dollar, principal bénéficiaire de la montée de la tension géopolitique, s’apprécie de 0,61% face aux autres grandes devises et notamment l’euro, qui recule de 0,81% à 1,1176.
Côté emprunts d’Etat, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans chute de près de huit points de base à 1,9061%.
Son recul reflète à la fois le regain d’aversion au risque et la révision à la baisse des anticipations en matière de taux d’intérêt aux Etats-Unis: les marchés intègrent désormais une probabilité de 95% d’une hausse limitée à 25 points de base de l’objectif de taux des « fed funds » de la Réserve fédérale le 16 mars selon le baromètre Fedwatch, alors que l’hypothèse d’une hausse de 50 points l’emportait avant l’invasion de l’Ukraine.
Sur le marché obligataire européen, le rendement du Bund à dix ans est quasi stable dans les premiers échanges à 0,221% mais son équivalent français recule de plus de cinq points à 0,653%.
PÉTROLE
Les cours du brut profitent à plein de la multiplication des sanctions visant Moscou et de la menace nucléaire brandie par Vladimir Poutine.
Le Brent gagne 5,23% à 103,05 dollars le baril après un pic à 105,07 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) bondit de 5,54% à 96,66 dollars après être monté à 99,10. Ils restent l’un et l’autre sous les plus hauts de plus de sept ans touchés la semaine dernière, respectivement à 105,79 et 100,54 dollars.
L’Opep+, dont la Russie fait partie, doit faire le point sur sa stratégie mercredi mais le marché n’attend pas d’évolution de sa stratégie de production.
MÉTAUX
Le cours de l’once d’or est en hausse de 0,6% à 1.898,91 dollars, portant à plus de 6% sa hausse depuis le début du mois.
Les sanctions contre la Russie font aussi monter le prix du palladium (+4,11%), dont le groupe russe Nornickel est le premier producteur mondial, comme ceux de l’aluminium (+3,64%) et du nickel (+1,39%).
AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE MAJEUR À L’AGENDA DU 28 FEVRIER
(Édité par Blandine Hénault)