Automobile: Des pays de l’UE appellent à lever les sanctions sur les émissions carbones
(Reuters) – Plusieurs Etats européens, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, ont fait pression sur Bruxelles jeudi pour l’abandon des pénalités financières imposées aux constructeurs automobiles en cas de non-respect des objectifs communautaires de réduction des émissions de CO2.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a notamment exhorté l’exécutif européen à épargner de lourdes amendes à l’industrie automobile européenne, déjà en difficulté.
« La Commission devrait (…) trouver un moyen de garantir que les amendes, si elles s’avèrent nécessaires, n’affectent pas la liquidité financière des entreprises qui doivent maintenant investir dans l’électromobilité », a déclaré Olaf Scholz à l’ouverture d’un Conseil européen à Bruxelles.
Le dirigeant allemand faisait référence aux objectifs de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de l’UE pour 2025. Il a déclaré qu’il discuterait jeudi de ce sujet avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
La France, également opposée aux amendes, ne souhaite pas affaiblir les objectifs en matière de CO2, mais soutient une solution permettant d’éviter les pénalités imposées aux constructeurs automobiles l’année prochaine, selon un document gouvernemental consulté par Reuters.
« La réalité à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui n’est pas celle à laquelle nous nous étions préparés au départ » a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire de la Transition écologique, lors d’une réunion ministérielle mardi au cours de laquelle le document a été discuté.
La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni ainsi que le président du gouvernement tchèque Petr Fiala vont également plaider jeudi auprès d’Ursula von der Leyen pour l’abandon des amendes pour les constructeurs automobiles, ont indiqué des diplomates européens.
L’UE abaissera son plafond d’émissions de CO2 à partir du 1er janvier, ce qui signifie qu’au moins un cinquième des ventes de la plupart des constructeurs automobiles devront être des ventes de véhicules électriques pour éviter de lourdes amendes.
Si les constructeurs automobiles européens ne parviennent pas à atteindre les objectifs fixés en 2025, ils pourraient se voir infliger des amendes estimées à 15 milliards d’euros au total.
Le constructeur automobile allemand Volkswagen, premier constructeur automobile de la région, serait le plus touché selon l’association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).
Déjà en difficulté face à la faiblesse de la demande et à la concurrence chinoise, des constructeurs automobiles ont annoncé des fermetures d’usines et des milliers de suppressions d’emplois.
L’Allemagne, dont l’économie dépend fortement de son industrie automobile, a demandé à plusieurs reprises à l’UE de faire preuve de flexibilité.
L’Autriche, la Bulgarie, la Roumanie et la Slovaquie ont également exhorté l’UE à repenser ses politiques de réduction des émissions de CO2 pour les véhicules.
Seuls quelques pays, dont la Suède, siège de Volvo, se sont prononcés en faveur du maintien des amendes.
La Commission européenne a déclaré dans un communiqué qu’elle lancerait un « dialogue stratégique » avec le secteur automobile en janvier, « en vue de proposer et de mettre en œuvre rapidement les mesures dont le secteur a besoin de toute urgence ».
(Andrey Sychev ; version française Etienne Breban ; édité par Sophie Louet et Blandine Hénault)