Séance indécise avec les « quatre sorcières », les banques rassurent un peu
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en ordre dispersé vendredi à l’ouverture et les Bourses européennes sont orientées à la baisse à mi-séance dans d’importants volumes d’échanges et dans un contexte de volatilité nourrie par les « quatre sorcières » avec l’arrivée à échéance de plusieurs contrats à terme.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,44% pour le Dow Jones, de 0,38% pour le Standard & Poor’s 500, tandis que le Nasdaq pourrait grappiller 0,07%.
À Paris, le CAC 40 recule de 0,42% à 6.996,48 points vers 12h15 GMT, dans d’importants volumes avec un plus haut en séance à 7.104,75 points et un plus bas à 6.993,37 points. À Francfort, le Dax fléchit de 0,29% et à Londres, le FTSE abandonne 0,01%.
L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,08%, l’EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,22% et le Stoxx 600 de 0,25%, après avoir navigué dans le vert une bonne partie de la matinée.
Sur l’ensemble de la semaine, le CAC 40 a perdu à ce stade 3,06% et le Stoxx 600 2,90%.
Le jour des « quatre sorcières », troisième vendredi de mars, correspond à l’expiration de quatre types de produits dérivés et est habituellement marqué par une certaine volatilité alors que le contexte de marché est déjà chahuté par une crise bancaire depuis la faillite de la banque américaine SVB et le risque d’insolvabilité de Credit Suisse.
Une accalmie précaire est néanmoins de retour sur les marchés depuis le soutien apporté par la Banque nationale suisse (BNS) à Credit Suisse, tandis qu’aux Etats-Unis, plusieurs grandes banques, soucieuses d’éviter un effet domino après la faillite de plusieurs banques régionales la semaine dernière, ont injecté 30 milliards de dollars dans First Republic Bank, victime d’une crise de confiance des investisseurs et clients.
Côté statistiques économiques, l’inflation en zone euro a été confirmée à 8,5% en février au lendemain de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de relever ses taux de 50 points de base malgré les turbulences bancaires.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a estimé vendredi que la hausse des taux de la BCE était un message de confiance sur les banques. Les superviseurs de la BCE, réunis vendredi, ont en outre déclaré ne pas voir de contagion des turbulences actuelles aux banques de la zone euro, selon une source.
Goldman Sachs a cependant abaissé sa prévision de hausse des taux de la BCE pour le mois de mai de 50 points de base à 25 points et prévoit un taux terminal à 3,5%, contre 3,0% actuellement, tandis que deux « faucons » de la BCE, Peter Kazimir et Gediminas Simkus, plaident vendredi pour de nouveaux relèvements du coût du crédit.
Le marché attend désormais les décisions la semaine prochaine de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque d’Angleterre (BoE). Une pause sur les taux est anticipée pour cette dernière, tandis qu’un relèvement limité à 25 points de base est prévu aux Etats-Unis.
Concernant la conjoncture économique, l’OCDE a relevé ses prévisions de croissance du PIB mondial à 2,6% cette année et 2,9% en 2024 mais souligné que l’économie demeurait fragile.
First Republic Bank recule de 3,8% en avant-Bourse vendredi après avoir bondi la veille de 10% en séance à la suite d’une aide de 30 milliards de dollars de plusieurs grandes banques américaines. La banque régionale Pacwest Bancorp abandonne 3,0%, tandis que sa concurrente Western Alliance avance de 1,1%. Les grandes banques JPMorgan Chase, Bank Of America et Wells Fargo gagnent de 0,2% à 1,5%.
Fedex bondit de 13% dans les transactions hors séance à la faveur d’un relèvement de sa fourchette de prévision de bénéfice annuel par action.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, l’indice des banques est volatil, évoluant dans une fourchette de +1,1% à -0,44%, alors que Société générale (+2,14%), BNP Paribas (-0,65%) ou encore Credit Suisse (-11,18%) connaissent des fortunes diverses.
Sur l’ensemble de la semaine l’indice des valeurs bancaires s’achemine vers un repli de plus de 8%.
Les ressources de base (+0,18%) et l’énergie (+0,78%), offrent davantage de soutien aux indices, dans la perspective d’une forte demande de la Chine.
Dans l’actualité des entreprises, Sanofi est dans le vert après l’annonce de la réduction du prix du Lantus, son insuline la plus prescrite aux Etats-Unis, dans un contexte de critiques des tarifs de médicaments et après des décisions dans le même sens de ses concurrents Novo Nordisk et Eli Lilly.
TAUX
Les rendements obligataires à court terme sont également volatils, le deux ans reculant à mi-séance de près de quatre points de base, à 2,52%, après avoir pris dans la matinée jusqu’à 7,5 points.
Aux Etats-Unis, son équivalent de même échéance cède également quatre points de base, à 4,09%.
CHANGES
Le dollar fléchit de 0,2% face à un panier de devises de référence, dans un contexte d’apaisement des pressions sur le système bancaire.
L’euro en profite pour remonter à 1,0627 dollar (+0,21%).
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont stables avec l’apaisement des inquiétudes sur les banques et une rencontre entre l’Arabie saoudite et la Russie. L’or noir, qui perd à ce stade sur l’ensemble de la semaine 9%, devrait cependant accuser sa plus forte baisse depuis décembre.
A mi-séance, le Brent grignote 0,11% à 74,78 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,5% à 68,69 dollars.
MÉTAUX
L’or, valeur refuge, s’achemine vers sa meilleure performance hebdomadaire depuis mi-novembre avec un gain à ce stade de 3,5%, ce qui serait sa troisième semaine consécutive dans le vert. Le métal jaune prenait 0,92% à 1.936,69 dollars l’once vers 12h20 GMT.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)