Des investisseurs exhortent les banques européennes à cesser de financer de nouveaux champs pétroliers et gaziers
par Tommy Wilkes
LONDRES (Reuters) – L’association d’investissement responsable ShareAction a annoncé vendredi qu’une trentaine d’investisseurs, dont elle coordonne l’action, ont envoyé des lettres à cinq des plus grandes banques européennes, leur demandant de cesser de financer de nouveaux champs pétroliers et gaziers d’ici la fin de l’année, pour ne pas compromettre la transition énergétique.
Les investisseurs signataires, dont la société de gestion d’actifs La Française ou Aegon Asset Management, représentent en tout des actifs d’une valeur de plus de 1.500 milliards de dollars, a précisé ShareAction.
Des lettres ont été envoyées aux dirigeants de BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Barclays et Deutsche Bank.
Selon ShareAction, les cinq banques contactées et le groupe britannique HSBC sont les principaux bailleurs de fonds européens des principales sociétés pétrolières et gazières qui se sont développées entre 2016 et 2021.
Cependant, HSBC a déclaré en décembre qu’elle cesserait de financer directement les nouveaux champs pétroliers et gaziers, a noté ShareAction.
« Les investisseurs avertissent ces banques qu’elles seront confrontées à une pression de plus en plus forte si elles n’agissent pas rapidement pour inverser leur financement des nouveaux champs de pétrole et de gaz », a déclaré Jeanne Martin de ShareAction.
Un porte-parole de Barclays a déclaré que la banque pensait qu’elle pouvait faire la plus grande différence en travaillant avec ses clients dans leur transition vers une économie à faible émission de carbone.
« Cela inclut de nombreuses entreprises pétrolières et gazières qui sont activement engagées et essentielles à la transition », a ajouté le porte-parole.
De son côté, BNP Paribas a rappelé dans un courriel avoir annoncé de nouveaux objectifs le mois dernier, y compris l’arrêt du financement de nouvelles explorations la réduction de l’exposition au gaz.
Crédit Agricole a dit avoir déjà mis fin au financement de nouveaux projets d’extraction pétrolière et pointé du doigt un plan pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Société Générale a refusé de commenter, mais un porte-parole a déclaré que la banque évaluerait la lettre une fois que ses dirigeants en auraient reçu une copie. Il a souligné les objectifs de la banque française visant à réduire son exposition à la production de pétrole et de gaz d’ici 2025.
La banque allemande Deutsche Bank a déclaré avoir « considérablement réduit » son engagement dans les secteurs à forte intensité de carbone depuis 2016.
« Nous nous concentrons sur le soutien de nos clients dans leur transformation vers la neutralité carbone », a dit la banque dans un communiqué envoyé par courriel.
Bien que les banques ont resserré leurs critères de prêt dans le cadre de l’Alliance de Glasgow pour la neutralité carbone, les groupes environnementaux affirment qu’elles font trop peu, trop tard.
L’Agence internationale de l’énergie estimait en 2021 que les investissements dans de nouveaux projets d’approvisionnement en pétrole, gaz et charbon devaient être stoppés pour atteindre des émissions nettes nulles d’ici le milieu du siècle.
(Reportage Tommy Reggiori Wilkes, version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)