Croissance solide de l’économie américaine au quatrième trimestre
par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) – L’économie américaine a maintenu un rythme de croissance soutenu au quatrième trimestre 2022 grâce à la solidité des dépenses des ménages, mais la dynamique semble avoir considérablement ralenti vers la fin de l’année, la remontée des taux d’intérêt ayant miné la demande.
Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a augmenté de 2,9% en rythme annualisé sur la période octobre-décembre, montre la première estimation du département du Commerce publiée jeudi, après la hausse de 3,2% au troisième trimestre.
Les économistes et analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un taux de croissance de 2,6%. Leurs estimations s’échelonnaient entre 1,1% et 3,7%.
Il pourrait s’agit du dernier trimestre au cours duquel l’économie américaine affiche une croissance solide, avant que les effets du resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale ne se fassent pleinement sentir.
Les ventes au détail ont fortement diminué sur les deux derniers mois et le secteur manufacturier a probablement rejoint le marché du logement dans la récession. Si le marché du travail reste dynamique, le climat des affaires continue de se dégrader, ce qui pourrait à terme compromettre les recrutements.
La croissance vigoureuse du second semestre a plus que compensé la contraction de 1,1% enregistrée sur les six premiers mois de 2022. Sur l’ensemble de l’année, la première économie mondiale affiche ainsi une croissance de 2,1%, en baisse par rapport aux 5,9% de 2021.
La Réserve fédérale a relevé son principal taux directeur de 425 points de base en 2022, le faisant passer dans une fourchette de 4,25% à 4,50%, le niveau le plus élevé depuis la fin 2007.
Les dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l’activité économique américaine, ont été le principal moteur de la croissance, traduisant principalement une flambée des dépenses en biens au début du trimestre.
La consommation a été soutenue par la résilience du marché du travail et par l’épargne accumulée par les ménages pendant la pandémie de COVID-19.
Mais la demande de biens manufacturés de longue durée, pour la plupart achetés à crédit, s’est tassée et certains ménages, en particulier ceux à faible revenu, ont vidé leurs économies. Les dépenses des entreprises ont également perdu de leur superbe à la fin du quatrième trimestre.
L’indice des prix PCE a enregistré une hausse de 3,2% sur octobre-décembre, après 4,3% au trimestre précédent, tandis que l’indice des prix de base « core » a également ralenti sa progression, passant de 4,7% au troisième trimestre à 3,9% sur les trois mois suivants.
(Reportage Lucia Mutikani, version française Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)