L’Espagne critique l’opposition de la France au projet de gazoduc MidCat
MADRID (Reuters) – La ministre espagnole de l’Energie et de l’Environnement, Teresa Ribera, a critiqué mardi les réserves de la France quant à la relance du projet de gazoduc MidCat (Midi-Catalogne), dans le contexte des tensions énergétiques liées au conflit en Ukraine.
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Face à la réduction des livraisons de gaz russe, et aux travaux de maintenance prévus sur Nord Stream, les Européens tentent de trouver des alternatives.
L’Espagne et le Portugal disposent d’importantes capacités d’importation de gaz et le chancelier allemand Olaf Scholz a de nouveau suggéré en août l’option MidCat pour améliorer les interconnexions du réseau gazier en Europe.
La France s’y oppose, arguant notamment du coût du projet, et privilégiant l’installation de nouveaux terminaux GNL.
Lancé en 2013, le projet de gazoduc via les Pyrénées devait relier une ville au nord de Barcelone à Barbaira, dans l’Aude, avec pour objectif la distribution du gaz algérien, notamment.
Il a été suspendu en 2019, jugé trop coûteux et dommageable pour l’environnement.
« Nous devons nous préparer pour l’hiver prochain et, dans ce contexte, être capables d’achever une interconnexion qui n’avait pas de sens économique (en 2019)… mais qui pourrait être cruciale maintenant pour garantir cet approvisionnement qui manque à l’Europe centrale et septentrionale », a déclaré Teresa Ribera sur une radio locale.
« La question est: ‘est-ce dans l’intérêt de la France ou dans l’intérêt de l’Europe centrale et septentrionale?' », a-t-elle ajouté, estimant que le gazoduc pourrait être opérationnel à l’hiver 2023.
Olaf Scholz et le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez ont appelé mardi à la construction d’un nouveau gazoduc depuis la péninsule ibérique, sans toutefois émettre de critique contre Paris.
La France estime que l’installation de nouveaux terminaux de GNL dans le nord et l’est de l’Europe, notamment en Allemagne, serait une alternative plus rapide et moins coûteuse que la construction d’un nouveau gazoduc.
Bruno Le Maire n’a toutefois pas exclu de réfléchir à une telle possibilité. « L’Espagne et l’Allemagne sont deux partenaires très proches de la France. Donc quand ils feront une proposition, nous l’examinerons », a-t-il déclaré mardi à des journalistes en marge de son intervention à la Rencontre des entrepreneurs de France (LaREF, ex-université du Medef).
(Reportage Isla Binnie, version française Augustin Turpin et Camille Raynaud, édité par Sophie Louet)