L’OCDE réduit ses prévisions mais relativise le risque de stagflation
par Leigh Thomas
PARIS (Reuters) – La guerre en Ukraine a considérablement assombri les perspectives de l’économie mondiale mais celle-ci peut éviter une période de stagflation comparable à celle des années 1970, a déclaré mercredi l’OCDE, qui a abaissé ses prévisions de croissance et relevé ses estimations d’inflation.
L’Organisation pour la coopération et le développement économiques prévoit désormais une croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial de 3% cette année, soit 1,5 point de moins que prévu en décembre.
Et elle s’attend à une poursuite du ralentissement en 2023 avec une croissance mondiale désormais attendue à 2,8% seulement, contre 3,2% prévu il y a six mois.
« La guerre en Russie fait effectivement payer un lourd tribut à l’économie mondiale », a déclaré son secrétaire général, Mathias Cormann, lors d’une conférence de presse.
« La croissance mondiale sera nettement plus faible, et l’inflation plus forte et plus persistante », a-t-il ajouté en précisant que l’OCDE ne prévoyait pas pour autant une récession.
L’inflation dans les pays de l’OCDE devrait parallèlement culminer à 8,5% cette année avant de revenir à 6,0% l’an prochain. L’OCDE prévoyait auparavant un pic à 5% et un retour à 3% en 2023.
Malgré le ralentissement de la croissance et l’accélération de la hausse des prix, l’OCDE juge limité le risque de stagflation, une situation conjuguant croissance faible et inflation élevée que le monde n’a pas connu depuis le milieu des années 1970, après le premier choc pétrolier.
Les économies développées, en particulier, dans lesquelles le secteur des services a acquis un poids bien supérieur à celui de l’époque, sont beaucoup moins dépendantes des prix de l’énergie et les banques centrales, ayant gagné en indépendance, y disposent de moyens biens supérieurs pour combattre l’inflation.
« Pour atténuer le coût de l’inflation, le fardeau doit être réparti entre les bénéfices et les salaires, ce qui signifie que les employeurs et les salariés doivent négocier le partage de ce coût de manière équitable et éviter une spirale salaires/prix », a dit l’économiste en chef de l’organisation, Laurence Boone.
LA CROISSANCE CHINOISE PRÉVUE SOUS 5% EN 2022 ET 2023
L’OCDE estime aussi que le resserrement des politiques monétaires est justifié pour les banques centrales des pays souffrant d’une inflation élevée tels que ceux d’Europe orientale et les Etats-Unis.
L’organisation basée à Paris table désormais sur une croissance de 2,5% de l’économie américaine cette année puis de 1,2% l’an prochain, contre 3,7% et 2,4% respectivement dans ses prévisions de décembre.
L’économie chinoise, affectée par les confinements à grande échelle des derniers mois visant à freiner l’épidémie de COVID-19, devrait croître de 4,4% en 2022 et de 4,9% en 2023, contre 5,1% dans les deux cas prévu auparavant.
Celle de la zone euro, plus exposée aux importations énergétiques en provenance de Russie et aux conséquences de la guerre en Ukraine, devrait voir sa croissance revenir à 2,6% cette année et 1,6% seulement l’an prochain, contre 4,3% et 2,5% respectivement.
Pour la France, l’OCDE prévoit désormais une croissance de 2,4% cette année et de 1,4% l’année prochaine et des taux d’inflation de 5,2% et 4,5% respectivement.
Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a confirmé mercredi sur BFMTV que le gouvernement présenterait dans quelques semaines de nouvelles prévisions de croissance, les prévisions actuelles de 4% pour 2022 et 2,3% pour 2023 ayant été établies avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
(Reportage Leigh Thomas, version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer)