Ukraine: L’Otan évoque le « pire », Moscou regrette un dialogue de sourds
par Robin Emmott, Tom Balmforth et Vladimir Soldatkin
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BRUXELLES/MOSCOU (Reuters) – L’Otan doit se préparer « au pire » au vu de l’évolution des tensions avec la Russie autour de l’Ukraine, a déclaré jeudi le secrétaire général de l’organisation alors que Moscou poursuit des manoeuvres avec la Biélorussie tout en regrettant un « dialogue de sourds » entre diplomates.
L’Ukraine a pour sa part critiqué les exercices militaires russes en cours en mer Noire, d’une ampleur inédite selon Kiev et qui rendent la navigation en mer Noire comme en mer d’Azov « pratiquement impossible ».
Kiev a donné jeudi le coup d’envoi de ses propres manoeuvres militaires, qui doivent prendre fin le 20 février, comme celles des troupes russes et biélorusses.
« C’est une période dangereuse pour la sécurité européenne », a dit le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre britannique, Boris Johnson. « Le nombre de troupes russes augmente. Le temps des avertissements avant une possible attaque est en train de s’épuiser. »
« L’Otan n’est pas une menace pour la Russie mais nous devons nous préparer au pire tout en restant fermement déterminés à trouver une solution politique », a poursuivi Jens Stoltenberg.
Boris Johnson a évoqué pour sa part « la plus importante crise de sécurité à laquelle l’Europe ait été confrontée depuis des décennies », en prônant la fermeté sur le droit de l’Ukraine à rejoindre l’Otan.
La Russie a massé plus de 100.000 soldats près des frontières de l’Ukraine et les pays occidentaux comme l’Otan craignent qu’elle prépare une invasion.
Moscou dément tout projet de ce type mais évoque la possibilité de mesures « militaro-techniques » en l’absence de promesse que Kiev n’intégrera jamais l’Alliance atlantique et que celle-ci interrompra son expansion.
LE DRIAN ÉVOQUE UN DIALOGUE « TONIQUE » AVEC MOSCOU
La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, s’est rendue à Moscou pour mettre en garde le Kremlin contre les risques qu’entraînerait une invasion du territoire ukrainien.
Sergueï Lavrov a assuré que Moscou était favorable à une résolution de la crise par la voie diplomatique mais a reproché à l’Occident d’utiliser l’Ukraine contre Moscou et Kiev de vouloir réécrire les accords censés mettre fin au conflit dans le Donbass, la région de l’est ukrainien en partie contrôlée par des séparatistes prorusses.
« Je suis sincèrement déçu que nous n’ayons qu’un dialogue de sourds », a poursuivi Sergueï Lavrov. C’est comme si nous écoutions sans entendre. »
La Commission européenne a annoncé avoir adressé au Kremlin une lettre commune des 27 Etats membres de l’Union en réponse aux propositions russes sur la sécurité en Europe. Mais Sergueï Lavrov avait déclaré auparavant qu’une démarche commune de l’UE conduirait à une rupture des discussions sur le sujet.
À Paris, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a jugé « très grave » la situation en Ukraine mais il a évoqué un dialogue « tonique » sur le sujet avec la Russie.
« La Russie s’est donné les moyens de lancer une agression contre l’Ukraine, c’est une réalité », a-t-il dit sur France Inter.
« À ma connaissance, il n’y a pas de décision de prise à cet égard » mais au vu des déploiements de troupes russes et des manoeuvres en cours, « il y a de quoi être inquiet », a-t-il ajouté.
En dépit des tensions, de nouvelles discussions doivent avoir lieu à Berlin entre la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France sur le conflit dans le Donbass.
(Avec Natalia Zinets à Kiev, William James à Londres, John Irish à Paris et Mark Trevelyan à Londres;version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)