Le trafic de drogue se nourrit du chaos birman, déclare l’Onu
DJAKARTA/BANGKOK (Reuters) – L’instabilité qui prévaut en Birmanie depuis le coup d’Etat militaire mené il y a un an a provoqué une hausse du trafic de stupéfiants dans le pays et l’ensemble du Sud-Est asiatique à un rythme que rien ne semble devoir freiner, a déclaré mardi un haut responsable de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC).
Faites un don au Journal Chrétien pour nous permettre de produire plus de vidéos comme celle-ci.
Au moins 90 millions de comprimés de méthamphétamine et 4,4 tonnes de crystal meth ont été saisis le mois dernier, la plupart en provenance d’une zone de production située dans l’Etat birman de Shan, selon l’agence onusienne.
« La production de méthamphétamine a augmenté l’an dernier en Birmanie à partir de niveaux déjà extrêmes et rien n’indique que cela va ralentir », a déclaré Jeremy Douglas, représentant de l’UNODC pour l’Asie du Sud-Est.
« La drogue et le conflit restent inséparables en Birmanie, l’une nourrissant l’autre », a-t-il ajouté. « Le chaos et l’instabilité oeuvrent en faveur des trafiquants. »
Face aux pénuries qui sévissent depuis le putsch de février 2021, les agriculteurs de l’Etat de Shan vont probablement revenir, faute d’options alternatives, vers la culture de l’opium à moyen ou long terme, a prédit Jeremy Douglas.
La production de drogue dans le « triangle d’or », une zone recouvrant le nord de la Birmanie, une partie du Laos et une partie de la Thaïlande, est le fait de bandes criminelles associées à des groupes armés issus des minorités ethniques.
De son côté, la junte militaire au pouvoir « fonctionne comme une entreprise criminelle, commettant meurtres, tortures, enlèvements, déplacements forcés, tout en pillant les revenus et en s’emparant des biens appartenant de droit au peuple birman », accuse dans un communiqué le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, Tom Andrews.
Selon le Bureau des droits de l’homme de l’Onu, 11.787 personnes ont été détenues illégalement en Birmanie depuis le coup d’Etat, dont 8.792 sont toujours en détention.
Un appel à une « grève silencieuse » a été lancé mardi dans le pays pour marquer l’anniversaire de la prise du pouvoir par les militaires.
(Reportage Tom Allard à Djakarta, Panu Wongcha-um à Bangkok, avec Stephanie Nebehay à Genève, version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)