Libye: La présidentielle prévue vendredi reportée sur fond de divisions
BENGHAZI, Libye (Reuters) – L’élection présidentielle prévue vendredi en Libye n’aura pas lieu, a décidé mercredi le parlement, fragilisant un processus électoral soutenu par la communauté internationale et la survie du gouvernement provisoire.
Le Parlement n’a pas fixé de nouvelle date pour le scrutin, mais la commission électorale a suggéré dans un communiqué qu’il se tienne le 24 janvier, si les conditions sont réunies.
Attendu, ce report des élections – des législatives doivent aussi avoir lieu – intervient dans un contexte de tensions entre candidats et factions incapables de s’entendre sur les règles encadrant ce processus engagé l’an dernier sous l’égide de l’Onu.
Cette annulation fait en outre courir le risque d’une reprise des hostilités entre le gouvernement de Tripoli et les partisans du maréchal Khalifa Haftar, basé à Benghazi.
Le risque de violence est d’autant plus élevé que le mandat du gouvernement intérimaire désigné en mars dans le cadre du processus électoral de « réconciliation » expire officiellement ce vendredi, le parlement de l’Est libyen, installé à Tobrouk, lui ayant retiré son soutien en septembre.
Depuis des semaines, chaque camp accusait l’autre de vouloir détourner le processus électoral à son profit, figeant la situation, même si aucun ne voulait prendre la responsabilité de demander ouvertement un report du scrutin.
Les Nations unies espéraient que les élections programmées le 24 décembre permettraient à la Libye de tourner la page d’une décennie de chaos et de division territoriale entre l’ouest et l’est du pays depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.
Mais le processus a été plombé dès le départ par de profonds désaccords jamais résolus sur la légitimité et les règles du scrutin comme sur l’éligibilité des principaux candidats.
(Reportage de Ayman al-Warfali et Ahmed Elumami, écrit par Angus McDowall, version française Nicolas Delame et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)