Etats-Unis: Harris rend hommage à Biden et se lance dans la course à l’investiture démocrate
par Nandita Bose, Jarrett Renshaw et Jeff Mason
WASHINGTON (Reuters) – La vice-présidente américaine Kamala Harris, adoubée par Joe Biden pour le remplacer à l’élection présidentielle du 5 novembre, a rendu hommage lundi au président américain et s’emploie désormais à s’assurer le soutien du Parti démocrate en vue d’une investiture officielle.
« L’héritage de Joe Biden ces trois dernières années est sans égal dans l’Histoire moderne », a déclaré Kamala Harris dans un discours célébrant des athlètes universitaires, à la Maison blanche, pour sa première apparition publique depuis l’annonce du retrait de Joe Biden, 81 ans.
« Tous les jours, notre président, Joe Biden, se bat pour le peuple américain, et nous sommes profondément reconnaissants pour son service en faveur de notre nation », a-t-elle ajouté.
L’équipe de campagne de Kamala Harris, ses alliés et partisans ont commencé à contacter des centaines de délégués pour obtenir leur appui avant la convention nationale démocrate du 19 août, a-t-on appris de plusieurs sources.
La vice-présidente espère obtenir la nomination présidentielle d’ici mercredi soir, a-t-on appris de plusieurs sources ayant connaissance du dossier.
Quelque 4.000 délégués démocrates, réunis à Chicago du 19 au 22 août, choisiront le candidat du parti pour l’élection du 5 novembre. La plupart d’entre eux se sont engagés en faveur de Joe Biden mais après l’annonce de son désistement, ils sont désormais libres de leur engagement.
Si Joe Biden a appelé à soutenir Kamala Harris, rien ne dit que ses soutiens passés le suivront.
Kamala Harris a besoin d’obtenir l’appui de 1.969 des 3.936 délégués démocrates pour être investie officiellement.
Des groupes de défense du droit à l’avortement, l’une des causes défendues par Kamala Harris, ont contacté des délégués afin de plaider en faveur de la candidature de la vice-présidente. Les comités démocrates des Etats américains ont apporté dimanche leur soutien à Kamala Harris.
Cette stratégie, qui vise à empêcher l’émergence de rivaux dans les rangs démocrates, s’est déployée dès l’annonce, dimanche, du retrait de Joe Biden.
Tous les candidats potentiels à l’investiture démocrate – les gouverneurs du Michigan, Gretchen Whitmer, de la Californie, Gavin Newsom, et du Kentucky, Andy Beshear – se sont rangés derrière la vice-présidente.
L’équipe de campagne de Kamala Harris a déclaré avoir levé 81 millions de dollars lors des 24 premières heures ayant suivi le retrait de Joe Biden, un record depuis le début de la campagne tout camp confondu.
L’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a également apporté son soutien à la candidature de la vice-présidente.
« Mon soutien enthousiaste à Kamala Harris pour la présidence est officiel, personnel et politique », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Kamala Harris est très douée comme femme politique, et j’ai toute confiance dans sa capacité à nous mener à la victoire en novembre. »
Nancy Pelosi, 84 ans, très influente dans le camp démocrate, a également salué dans son communiqué Joe Biden, après lui avoir demandé de retirer sa candidature.
Kamala Harris s’est rendu lundi dans l’Etat du Delaware, où se trouve l’ancien QG de campagne de Joe Biden.
« Mon intention est de mériter et de remporter cette nomination », avait déclaré Kamala Harris dans un communiqué. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour unir le Parti démocrate – et unir notre nation – afin de vaincre Donald Trump. »
L’équipe de campagne de Donald Trump se prépare depuis des semaines à la candidature de Kamala Harris; elle a publié lundi un bilan critique sur l’immigration et l’accuse d’être plus libérale que Joe Biden.
QUID D’OBAMA?
Selon une source au fait des échanges, la vice-présidente s’est entretenue avec le gouverneur de Pennsylvanie, et colistier potentiel, Josh Shapiro, et avec le chef des démocrates de la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, ainsi qu’avec Steven Horsford, le président du Caucus noir du Congrès, qui regroupe les élus afro-américains.
La candidature de Kamala Harris, d’origine jamaïcaine et indienne, et figure de la défense du droit à l’avortement, offrirait aux démocrates un contraste générationnel et culturel avec le républicain Donald Trump, 78 ans.
En 248 ans d’Histoire, les États-Unis n’ont toujours pas élu de femme à la présidence.
« Kamala Harris sera plus facile à battre que Joe Biden ne l’aurait été », a déclaré Donald Trump sur CNN peu après l’annonce du retrait du président américain.
Joe Biden, le président le plus âgé de l’Histoire des Etats-Unis, a déclaré qu’il resterait en poste jusqu’à la fin de son mandat, le 20 janvier 2025, tout en soutenant la candidature de son actuelle vice-présidente.
Il est le premier président en exercice à se retirer de l’investiture de son parti depuis Lyndon B. Johnson en mars 1968, pendant la guerre du Vietnam.
Son retrait laisse à son remplaçant moins de quatre mois pour mener campagne.
Des démocrates plaident pour que la convention soit ouverte à d’autres candidats. L’ancien président Barack Obama n’a pas encore annoncé qui il soutiendra.
Le président du Comité national démocrate, Jaime Harrison, a déclaré que le parti annoncerait sous peu les prochaines étapes du processus de nomination.
(Reportage Nandita Bose, Jarrett Renshaw et Jeff Mason, avec la contribution de Steve Holland, Kanishka Singh, Leah Douglas, Susan Heavey, Tyler Clifford, Bo Erickson, Richard Cowan, David Morgan, Stephanie Kelly, Jasper Ward, rédigé par Frank McGurt ; version française Blandine Hénault, Diana Mandiá, Kate Entringer et Zhifan Liu)
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