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Tyr, cité millénaire du Liban, transformée en ville fantôme par l’offensive d’Israël

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par Amina Ismail

TYR, Liban (Reuters) – Des explosions tonitruantes, d’épais nuages de fumée dans le ciel, des ruines antiques désertées par les touristes, un littoral abandonné par les pêcheurs et les chalands: Tyr, cité millénaire du sud-ouest du Liban, est devenue une ville fantôme avec les bombardements menés par Israël.

Pendant longtemps, alors que les affrontements frontaliers entre le Hezbollah et l’armée israélienne s’intensifiaient en marge de la guerre dans la bande de Gaza, cette ville à la richesse archéologique classée au patrimoine mondial de l’Unesco était considérée comme sûre.

Mais les frappes aériennes israéliennes effectuées cette semaine font craindre aux Libanais qu’aucun endroit n’est désormais à l’abri dans le pays.

L’armée israélienne pilonne depuis fin septembre la capitale Beyrouth et ses environs et a intensifié ses bombardements à travers le Liban.

Par ailleurs, Tsahal a débuté le 1er octobre des incursions terrestres présentées comme « ciblées » dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, pour en chasser le Hezbollah aligné sur l’Iran et permettre le retour chez eux des Israéliens déplacés par les tirs frontaliers depuis le 8 octobre 2023.

« PAS COMME ÇA EN 2006 »

A Tyr, mercredi, au milieu des débris, des vitres brisées, près de l’un des trois blocs résidentiels transformés en décombres par les bombardements, une famille s’active pour charger des affaires dans une voiture. Huit matelas sont entassés sur le toit, attachés avec une corde.

Les façades des bâtiments ont volé en éclats. On peut apercevoir, depuis l’extérieur, des canalisations, des équipements de cuisine, tandis que des affaires personnelles jonchent le sol – vêtements, chaussures, photos, jouets d’enfants…

Il s’agit de scènes devenues habituelles, principalement depuis un mois, à travers le Liban.

Selon les autorités libanaises, la campagne militaire d’Israël a tué plus de 2.500 personnes, blessé des milliers d’autres, et contraint plus de 1,2 millions d’habitants à fuir.

A Tyr, les plages pittoresques sont désertées alors même que, le mois dernier encore, des protecteurs de l’environnement aidaient des tortues marines en danger d’extinction à pondre des oeufs le long du littoral. Depuis lors, Tsahal a prévenu que toute activité maritime pourrait être ciblée.

Khalil Ali, pêcheur de 59 ans, assis au bord d’un ponton, lance une ligne de pêche à la mer, sans grand espoir. « Nous sommes très inquiets », dit-il. « La situation pourrait devenir comme à Gaza et Israël pourrait ordonner de nouvelles évacuations qui vont me forcer à fuir ma ville natale. Ce n’était pas comme ça en 2006 (…), ils n’avaient pas détruit autant », ajoute-t-il à propos de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah.

« POURQUOI SERAIT-CE DIFFÉRENT » QU’À GAZA ?

Seul un quart des habitants de la ville sont restés, fait savoir à Reuters le maire de la ville, Hassan Dabouq, ajoutant que nombre d’entre eux craignent que Tyr subisse le même sort que la bande de Gaza, ravagée par l’offensive israélienne.

« Ce sont les mêmes gens, la même guerre, la même mentalité, et les mêmes représentants (israéliens), avec le même soutien de la part des Américains et des Européens. Les éléments sont les mêmes, alors pourquoi est-ce que ce serait différent pour le Liban ? », interroge-t-il.

Des dizaines de bateaux sont amarrés dans le port, zone devenue étrangement silencieuse, alors qu’elle est habituellement en effervescence entre les pêcheurs de retour du large et les marchands.

Une poignée de pêcheurs sont présents, mais seulement pour veiller sur leurs embarcations.

Commerces et restaurants sont fermés. Habituellement emplis de poissons, les étales sont vides et les réfrigérateurs éteints.

Les habitants restés à Tyr sont ceux qui n’ont nulle part d’autre où aller, ou qui ressentent le devoir de ne pas quitter la ville. Une résidente dit préférer rester que mourir en réfugiée.

Waël Mroueh, néphrologue âgé de 49 ans, a choisi de rester. Il dirige l’hôpital Jabal Amel, l’un des trois qui opèrent encore dans le sud du Liban.

Il a connu plusieurs guerres et le conflit actuel lui rappelle son enfance, marquée par les bombardements, les explosions, la destruction, confie-t-il dans l’hôpital.

MORAL

S’il est resté à Tyr, il a pris la décision d’envoyer sa famille dans un endroit plus sûr, plus au nord, avec le souhait que ses trois enfants n’assistent pas aux même horreurs que lui, à leur âge.

« J’ai peur de ne jamais les revoir à cause de cette guerre brutale livrée contre nous », dit-il à Reuters, avant de fondre en larmes, visage entre les mains.

Dans l’hôpital, des matelas et des affaires personnelles sont étalés dans les couloirs. Pour convaincre certains membres du personnel médical de rester, Waël Mroueh les a autorisés à vivre dans le bâtiment avec leurs familles.

A l’image de l’ensemble de la population, seul un quart des médecins sont restés. A peine un tiers des infirmiers sont encore là.

Waël Mroueh dit être troublé de constater des schémas similaires entre les actions d’Israël à Gaza et au Liban, particulièrement le fait que les travailleurs humanitaires, les médecins et les hôpitaux soient des cibles.

Le gouvernement libanais a indiqué que 13 de ses hôpitaux avaient été mis hors-service par les frappes israéliennes, de même que plus d’une centaine de centres de santé. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 100 médecins et secouristes ont été tués au cours de l’année écoulée au Liban.

Aux yeux de Waël Mroueh, ces attaques israéliennes ont pour but de frapper le moral des « aidants ». Mais il assure que son sens des responsabilités n’a pas changé.

« Si tout le monde part, il ne restera personne. Cela fait partie de notre résistance », dit-il.

(Reportage d’Amina Ismail; version française Jean Terzian, édité par Tangi Salaün)

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