Au Pentagone, on redoute une purge massive sous la présidence Trump
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Phil Stewart et Idrees Ali
WASHINGTON (Reuters) – Durant sa campagne électorale, Donald Trump a promis de « purger » le département américain de la Défense de ses généraux « woke ». Maintenant qu’il a été élu président, la question qui taraude le Pentagone est de savoir s’il pourrait aller encore plus loin.
Lors de son premier mandat, de 2017 à 2021, le président américain s’était heurté à la résistance des hauts gradés sur de nombreux sujets, de sa position vis-à-vis de l’Otan à sa volonté de faire intervenir l’armée dans les rues des Etats-Unis.
D’anciens généraux et secrétaires américains à la Défense figurent parmi ses détracteurs les plus virulents, certains l’ayant qualifié de fasciste ou d’homme inapte à exercer les plus hautes fonctions.
Donald Trump a déjà laissé entendre que l’ancien chef d’état-major des armées Mark Milley, qui a déclaré en quittant ses fonctions en septembre 2023 que l’armée avait pour devoir de respecter la Constitution et non « un dictateur en puissance », aurait pu être exécuté pour trahison en d’autres temps.
Des anciens ou actuels officiers interrogés par Reuters s’attendent à ce que le président-élu privilégie la loyauté au cours de son deuxième mandat et limoge les gradés ou les fonctionnaires qu’il jugera trop indépendants d’esprit.
« Il va détruire le département de la Défense, sincèrement. Il va intervenir pour limoger les généraux qui défendent la Constitution », déclare Jack Reed, président démocrate de la commission sénatoriale des Armées.
CONTRE UNE ARMÉE « WOKE »
Interrogé en juin dernier par la chaîne conservatrice Fox News, Donald Trump a prévenu qu’il comptait renvoyer les généraux « woke », un terme initialement créé pour désigner les militants luttant contre les discriminations raciales ou sexuelles qu’utilisent désormais les milieux de droite et d’extrême droite pour discréditer les politiques progressistes.
« On ne peut pas avoir une armée ‘woke’, » a déclaré Donald Trump à Fox News.
Certains officiers craignent que la première cible du prochain président des Etats-Unis soit l’actuel chef d’état-major interarmes, le général de l’armée de l’air Charles Quinton Brown, ancien pilote de chasse et commandant militaire respecté.
Ce général quatre étoiles, qui est afro-américain, avait diffusé un message vidéo contre la discrimination dans les rangs de l’armée après la mort de George Floyd en mai 2020 et il plaide pour la diversité au sein de l’armée américaine.
Son porte-parole, sollicité pour un commentaire, a répondu : « Le chef d’état-major et tous les membres des forces armées restent concentrés sur la sécurité et la défense de notre nation et continueront de le faire, assurant une transition ordonnée vers la nouvelle administration du président élu Trump. »
James David Vance, vice-président élu, a voté l’an dernier, en tant que sénateur, contre la confirmation de C.Q. Brown au poste de plus haut gradé de l’armée américaine.
« Si des gens au sein de votre propre gouvernement vous désobéissent, vous devez vous en débarrasser », a également averti le colistier de Donald Trump dans une interview avant l’élection.
Pendant la campagne, Donald Trump s’est engagé à rebaptiser du nom d’un général confédéré une base militaire dont le nom avait été changé après la mort de George Floyd. Il s’en est également pris aux militaires transgenre dont il a condamné la supposée faiblesse.
L’équipe de transition n’a pas donné suite à une demande de commentaires.
« 2016 SOUS STÉROÏDES »
Le candidat républicain a encore suggéré que l’armée pourrait jouer un rôle important dans la mise en oeuvre de ses priorités, notamment dans les expulsions massives de migrants, voire pour réprimer des manifestations.
De telles propositions alarment les experts militaires, car elles ne seraient non seulement contraires à la loi mais pourraient retourner une partie de la population américaine contre ses propres forces armées, jusqu’ici très respectées.
Dans un message diffusé à l’armée après la victoire électorale de Donald Trump, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a souligné que l’armée obéirait à tous les ordres « légaux » des dirigeants civils.
Mais des experts relèvent que Donald Trump sera en mesure d’interpréter la loi avec une grande latitude et que les militaires ne pourront désobéir à des ordres même s’ils les jugent contraires à leur éthique.
« L’opinion publique croit souvent à tort que les militaires peuvent choisir de ne pas obéir à des ordres immoraux, mais ce n’est tout simplement pas vrai », déclare Kori Schake, de l’American Enterprise Institute, un think-tank néolibéral, qui s’attend à de nombreux limogeages.
« Je pense que le second mandat de Trump sera extrêmement chaotique à la fois en raison des politiques qu’il tentera de mettre en oeuvre et des personnes qu’il mettra en place pour les faire appliquer », ajoute-t-elle.
Ces inquiétudes sont toutefois tempérées par un responsable militaire américain, qui estime sous le sceau de l’anonymat que créer le chaos au sein de la chaîne de commandement entraînerait des réactions politiques négatives et desservirait Donald Trump.
« Ils vont découvrir que les officiers se concentrent avant tout sur la guerre et non la politique. Je pense qu’ils en seront satisfaits, en tout cas ils devraient l’être. »
Les fonctionnaires du Pentagone pourraient être soumis à des tests de loyauté, prédisent encore plusieurs anciens ou actuels gradés. L’entourage du président élu a publiquement annoncé son intention de limoger par décret des milliers de fonctionnaires et les remplacer par des fidèles.
Pendant son premier mandat, certaines propositions lancées par Donald Trump à ses conseillers, tirer par exemple des missiles sur le Mexique pour détruire des laboratoires de drogue, n’ont jamais vu le jour en raison des résistances du Pentagone.
« Je suis profondément inquiet pour les effectifs », dit un responsable. « Ce sera 2016 sous stéroïdes. Le risque est qu’il dégarnisse les effectifs et réduise l’expertise à un point tel qu’il causera des dommages irréparables au Pentagone. »
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)
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