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Les rachats d’actifs de la BCE vont ralentir mais pas s’arrêter

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par Shrutee Sarkar et Swathi Nair

BANGALORE (Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer la semaine prochaine qu’elle réduira ses rachats d’actifs au titre du Programme d’urgence face à la pandémie (PEPP) à partir du quatrième trimestre mais elle devrait maintenir ses autres programmes au moins jusqu’en 2024, montrent vendredi les résultats d’une enquête de Reuters.

Avec l’accélération de la reprise économique dans la zone euro grâce à la vaccination contre le COVID-19 et une inflation au plus haut depuis dix ans, la BCE pourrait annoncer à l’issue de la réunion du 9 septembre une diminution de ses rachats de titres, devançant ainsi la Réserve fédérale américaine, qui a également entamé les discussions à ce sujet.

Près de 60% des économistes interrogés (25 sur 42) ont déclaré que la BCE réduirait le rythme des achats dans le cadre du PEPP à partir du trimestre prochain, les autres estimant qu’elle les maintiendra au rythme actuel.

La BCE devait acheter pour 70 milliards d’euros de titres par mois dans le cadre du PEPP à partir du quatrième trimestre contre 80 milliards d’euros actuellement, selon la médiane des estimations de 33 stratèges.

Des économistes ayant répondu à une question supplémentaire entre le 30 août et 2 septembre s’attendent à ce que le PEPP, programme d’urgence lancé en mars 2020 pour lutter contre les conséquences de la pandémie, prenne fin en mars 2022, comme prévu par la BCE.

Mais plus de 70% des sondés (29 sur 40) ont dit qu’il faudrait plus de deux ans à la banque centrale pour arrêter totalement ses achats d’actifs. La moitié des spécialistes interrogées ont déclaré que le processus prendrait cinq ans à la BCE et trois estiment que l’institution ne rompra jamais totalement avec cet instrument de politique monétaire non-conventionnel.

Les achats dans le cadre du programme d’achats d’actifs (Asset purchase programme, APP), vieux de plus de six ans, sont de 20 milliards d’euros par mois.

« La zone euro se dirige dans la même direction que le Japon. Nous ne pensons pas qu’ils arriveront au point où ils pourront augmenter les taux d’intérêt ou arrêter les achats d’actifs sur notre horizon de prévision », a déclaré Andrew Kenningham, économiste en chef chez Capital Economics.

« Le Japon a procédé à un assouplissement quantitatif pendant la majeure partie de ces 20 dernières années, il est donc parfaitement possible que la BCE le fasse aussi pendant 20 ans. Il faut juste arrêter de penser que c’est très exceptionnel. »

La BCE devrait maintenir le statu quo sur ses taux directeurs jusqu’à fin 2023 au moins, celui des opérations principales de refinancement restant à zéro et celui de la facilité de dépôt à -0,5%, malgré des prévisions de croissance solides pour 2021 et 2022.

Philip Lane, l’économiste en chef de l’institution, a déclaré que la propagation rapide du variant Delta du coronavirus ne devrait avoir qu’un impact limité dans la zone euro, dont deux habitants sur trois ont déjà reçu au moins une dose de vaccin.

L’inflation devrait s’établir à 2,1% en moyenne cette année et ralentir à 1,6% en 2022. Mais elle pourrait atteindre 2,6% au troisième trimestre et culminer à 3,0% au quatrième, avant de retomber progressivement, pour revenir à 1,4% au quatrième trimestre 2022, selon l’enquête.

La BCE doit publier jeudi ses propres prévisions actualisées de croissance et d’inflation.

« La tendance actuelle de l’inflation est de nature temporaire. Cependant, il y a un risque que l’inflation persiste plus longtemps que prévu », a déclaré Bas van Geffen, stratège senior en macroéconomie chez Rabobank.

« Cela peut être dû aux tensions persistantes sur les chaînes d’approvisionnement. Ces problèmes finiront toutefois par se résorber. Le maintien d’une inflation élevée devrait entamer le pouvoir d’achat des consommateurs (…) Peut-être que les salaires ne pourront pas non plus rattraper la hausse des prix. »

La croissance de l’activité manufacturière a perdu de son dynamisme en août dans plusieurs grandes économies, selon des enquêtes auprès des directeurs d’achat publiées mercredi, de nombreuses entreprises faisant état de problèmes logistiques et de pénuries de produits comme de main-d’oeuvre.

Mais le taux de chômage dans la zone euro, revenu à 7,6% en juillet contre 7,8% en juin, devrait renouer avec son niveau d’avant crise de 7,4% en 2023.

(Reportage Shrutee Sarkar et Swathi Nair, avec Devayani Sathyan et Vijayalakshmi Srinivasan, version française Laetitia Volga, édité par Marc Angrand)

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