OPmobility confirme son pari américain après la victoire de Trump
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Gilles Guillaume
LEVALLOIS-PERRET (Hauts-de-Seine) (Reuters) -L’équipementier automobile français OPmobility , ex-Plastic Omnium, a confirmé mardi ses objectifs de croissance aux Etats-Unis, conforté notamment par le dynamisme technologique américain et par un protectionnisme que le président élu Donald Trump ne devrait pas inverser.
Premier fabricant mondial de réservoirs de carburant, OPmobility entend profiter du maintien d’une forte demande sur un marché américain toujours largement dominé par les motorisations thermiques, mais aussi de ses contrats avec des spécialistes de l’électrique comme Tesla ou Rivian.
Il prévoit ainsi de doubler d’ici 2028 son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, devenu désormais son premier pays, et d’ajouter à ses 13 usines deux à trois nouvelles implantations industrielles d’ici cinq ans.
« On sent que peu importe l’administration en place, même si les postures sont très différentes, dans les faits il n’y a pas une différence aussi énorme que ça, dans cette idée de protectionnisme depuis de nombreuses années », a déclaré le directeur général d’OPmobility, Laurent Favre, au cours d’une conférence de presse.
« Quand ils engagent à produire aux Etats-Unis, ils obligent aussi à produire une part importante de la valeur ajoutée. Donc ça nous protège en tant qu’équipementier. Il n’y a aucun constructeur étranger qui peut se dire: je vais faire quelque chose aux Etats-Unis et importer tous les composants d’une autre région », a-t-il ajouté.
Selon des associations et dirigeants du secteur automobile, le nouveau président américain devrait maintenir son soutien à la production locale de véhicules en imposant de nouveaux droits de douanes sur les importations du Mexique, et potentiellement d’autres pays, et revenir sur de nombreuses politiques publiques en place favorables aux véhicules électriques.
Pour Laurent Favre, ces changements dans les aides à l’électrique devraient retarder certains programmes des constructeurs historiques, mais renforcer plutôt les acteurs déjà installés, comme Tesla et Rivian.
« Cela peut servir à ceux qui sont déjà en place », a-t-il dit.
Or OPmobility fournit déjà des éclairages intelligents à Rivian et des éléments de carrosserie à Tesla, pour lequel il a inauguré en avril une nouvelle usine à Austin (Texas), qui devrait devenir l’an prochain le premier site mondial de l’équipementier en termes de chiffre d’affaires.
COMPENSER UNE EUROPE ATONE
Pour les autres, notamment les « Big Three » historiques General Motors, Stellantis et Ford, OPmobility pense gagner des parts de marché dans les réservoirs pour moteurs essence et hybrides en tirant partie de la consolidation du secteur. Le groupe fournit actuellement entre 50% et 60% des réservoirs des trois géants américains.
Les Etats-Unis devraient peser 50% du chiffre d’affaires de l’activité de réservoirs d’OPmobility d’ici 2030, contre 40% à l’heure actuelle, et le directeur de la branche réservoirs, jusqu’ici installé au siège du groupe à Levallois-Perret, vient de s’établir outre-Atlantique.
OPmobility a fait du marché américain l’un des axes prioritaires de sa diversification géographique afin de réduire notamment sa dépendance au continent européen, qui pesait encore près de la moitié de son chiffre d’affaires au troisième trimestre, mais où la demande reste globalement atone et les expérimentations technologiques plus timides, notamment dans le développement des logiciels pour les véhicules autonomes.
« Aux Etats-Unis, on va assister à une vraie disruption de la mobilité, qu’on ne verra pas tout de suite en Europe, ça se passera aux Etats-Unis et en Chine puisque ce sont des puissances technologiques très fortes (où) la réglementation est moins contraignante qu’en Europe », a poursuivi Laurent Favre.
« Et nous pensons qu’il sera plus facile d’avoir une place de choix aux Etats-Unis qu’en Chine, qui a quand même tendance à vouloir se protéger et même à vouloir ’bouter’ les Occidentaux hors de Chine, si possible », a-t-il ajouté.
(avec la contribution de Zhifan Liu, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)
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