La Croix-Rouge indemnisée pour la 1ère fois avec l’intensification des catastrophes climatiques
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Emma Farge
GENÈVE (Reuters) – Les inondations et les glissements de terrain ont été si nombreux dans le monde en 2024 qu’ils ont entraîné la première indemnisation par une police d’assurance multi-catastrophes dans le secteur humanitaire, a déclaré la Croix-Rouge à Reuters, soulignant ainsi l’ampleur du problème et la nécessité de trouver de nouvelles solutions de financement.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a déclaré que de telles polices d’assurance, qui sont déclenchées lorsque des catastrophes répétées atteignent un seuil de coût minimum (franchise), peuvent protéger les budgets de secours de plus en plus sollicités par des aléas climatiques fréquents et graves.
La police d’assurance souscrite par la FICR auprès du courtier en assurance Aon est la première de ce type pour le secteur humanitaire. Elle a été déclenchée à la mi-septembre par le typhon asiatique meurtrier Yagi pour lequel le fonds qui fournit un financement immédiat à la FICR a déboursé plus de 7 millions de francs suisses.
Concrètement, le typhon a fait passer les dépenses totales au-dessus du niveau de la franchise, déclenchant ainsi l’indemnisation.
La FCIR explique dans un communiqué publié à la mi-septembre être assurée depuis le début de l’année 2023 dans le cas où les demandes adressées à son fonds de financement en raison de catastrophes associées à des risques naturels dépassent les 33 millions de francs suisses (35,15 millions d’euros) au cours d’une année civile.
L’organisation évoque une indemnisation pouvant aller jusqu’à 15 millions de francs suisses contre une prime annuelle de 3 millions de francs suisses.
L’argent a déjà permis d’aider 1,5 million de victimes de catastrophes dans les pays les plus pauvres, dont les victimes d’inondations au Nigeria, à indiqué la FCIR
« Il s’agit d’un financement d’urgence en cas de besoins exceptionnels. Nous n’aurions pas été en mesure de répondre aux catastrophes auxquelles nous répondons aujourd’hui sans cela », a déclaré Florent Del Pinto, directeur du Fonds d’urgence pour les catastrophes, lors d’un entretien avec Reuters.
« Ce qui est inquiétant, c’est que les besoins de cette année ont été tellement sans précédent que nous avons atteint le seuil de déclenchement fixé à un niveau relativement élevé ».
L’organisation cherche à réunir près de 100 millions de francs suisses pour son budget 2025 de réponse aux catastrophes vendredi à Genève et demandera aux donateurs de contribuer également à la prime d’assurance.
La FICR espère que l’indemnisation de cette année contribuera à dissiper les doutes des donateurs qui ont déjà exprimé leur scepticisme quant à l’efficacité et à l’éthique de ces produits d’assurance contre les catastrophes, a déclaré Florent Del Pinto.
Il a ajouté qu’à l’avenir, le montant maximum actuel d’indemnisation pourrait représenter une part plus importante des dépenses humanitaires totales. Il a d’ores et déjà indiqué que plusieurs autres organisations humanitaires l’avaient contacté pour obtenir des informations en vue de mettre en place des outils similaires.
« Nous nous trouvons dans une situation où les besoins humanitaires augmentent de façon presque exponentielle alors que les financements sont stables. Nous devons donc explorer des financements innovants afin de combler le déficit de financement et de répondre à la souffrance humaine », a-t-il déclaré.
(Reportage Emma Farge ; version française Bertrand De Meyer, édité par Kate Entringer)
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