Indonésie: Impossible d’être un fonctionnaire chrétien respecté?
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Wisnu, un chrétien catholique indonésien, s’est formé pour devenir professeur de religion chrétienne pour des lycéens. Après quelques années d’enseignement, il a eu la possibilité de devenir fonctionnaire. Seul chrétien parmi ses collègues, il a été durement discriminé.
Lorsque Wisnu* a reçu sa lettre d’affectation comme fonctionnaire d’État, il a découvert qu’aucun non-musulman n’avait jamais travaillé dans le bureau dans lequel il devait se rendre, et ses futurs collègues voulaient que cela reste ainsi.
Leur manière de le lui faire comprendre était très simple: ils ne lui donnaient aucun travail à accomplir. «Chaque jour, en arrivant au travail, je m’asseyais à un bureau qui était libre. Mais quand un autre collègue arrivait, disant que c’était sa place, je devais me déplacer», se souvient Wisnu.
Et la discrimination ne s’est pas arrêtée là. «Chaque fois que je m’asseyais sur une chaise et que j’en partais; quelqu’un la nettoyait derrière moi. Pour eux, j’étais un infidèle. La chaise sur laquelle je venais de m’asseoir était jugée sale, il fallait donc la nettoyer avant que quelqu’un d’autre ne s’y assoie», explique-t-il.
Cette situation s’est poursuivie pendant un an et demi, jusqu’à ce que le chef de service quitte son poste. Wisnu s’est alors vu confier des tâches correspondant à son profil. «J’ai abordé mes collègues avec gentillesse. Dieu soit loué! Ils ont progressivement accepté ma présence. Certains m’ont même posé des questions sur la foi», raconte Wisnu.
Pas de poste de direction pour les chrétiens
En Indonésie, il est de notoriété publique, au sein des administrations, que les chrétiens ne peuvent pas occuper certains postes, parce qu’ils sont réservés aux musulmans.
Ainsi, lorsqu’un poste de direction s’est libéré dans une région à majorité musulmane, Wisnu savait qu’il n’avait que peu de chances de l’obtenir, même si, sur le papier, il était qualifié et avait suffisamment d’expérience. Il n’a donc pas pris la peine de postuler.
«À l’époque, mon ami musulman et moi-même étions les deux seules personnes à remplir les conditions requises pour ce poste. Je savais avec certitude que mon ami serait sélectionné. Même si j’étais accepté pour un poste similaire, je serais envoyé hors de l’île, dans un endroit où il n’y a pas de majorité musulmane», a déclaré Wisnu.
Mais pour l’instant, il est reconnaissant des changements progressifs intervenus sur son lieu de travail. «Même s’il y a encore de la discrimination, je vois que les gens acceptent mieux les choses qu’il y a quelques années.»
Former la prochaine génération
L’héritage de Wisnu se perpétue: son fils aîné travaille lui aussi pour le gouvernement. «J’espère sincèrement que mes enfants feront évoluer les institutions gouvernementales et se battront pour l’égalité des droits pour tous, quelle que soit leur religion», déclare Wisnu en souriant.
Il espère également qu’un jour, le gouvernement apportera des changements.
«Mes yeux se sont ouverts»
Wisnu est heureux d’avoir pu participer à un séminaire de préparation à la persécution organisé par les partenaires de Portes Ouvertes. «Mes yeux se sont ouverts sur la persécution des chrétiens.»
Ce séminaire lui a enseigné les éléments les plus importants pour faire face à la persécution: le pardon et l’amour. «Nous devons être capables de pardonner à ceux qui nous ont fait du tort, puis de les approcher avec amour, afin qu’ils voient Dieu dans nos actes», explique Wisnu.
"Sur les traces des dernières guerres de Religion", tel est le thème d'un colloque de trois jours pour tout comprendre sur la guerre des religions à La Rochelle.
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