Les États-Unis resserrent leur emprise sur les flux de puces d’IA à travers le monde
par Karen Freifeld
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NEW YORK (Reuters) – Le gouvernement américain a annoncé lundi qu’il allait restreindre davantage les exportations de puces utilisées dans les technologies d’intelligence artificielle (IA) afin de les réserver aux entreprises américaines et à ses alliés, tout en contrôlant l’accès de la Chine au marché.
Les nouvelles réglementations limiteront les exportations de puces d’intelligence artificielle et maintiendront un blocus sur les exportations vers la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord.
Un accès illimité à la technologie d’IA américaine sera également accordé pour les alliés proches des États-Unis.
Ces nouvelles réglementations, dévoilées dans les derniers jours de l’administration du président sortant Joe Biden, visent notamment à aider les États-Unis à conserver leur statut dominant dans le domaine de l’IA.
« Les États-Unis sont désormais leaders en matière d’IA, à la fois en matière de développement et de conception de puces, et il est essentiel que cela reste ainsi », a déclaré la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo.
Si la position quant à ces réglementations du président élu Donald Trump, qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, est encore incertaine, les administrations Biden et Trump partagent des points de vue similaires sur la menace concurrentielle posée par la Chine.
Les réglementations devraient entrer en vigueur 120 jours après leur publication, laissant le temps à Donald Trump de se prononcer à son tour.
Ces mesures seront imposées aux processeurs graphiques avancés (GPU), notamment utilisés pour alimenter les centres de données nécessaires à la formation des modèles d’IA et fabriqués en grande partie par Nvidia et Advanced Micro Devices.
Microsoft, Google et Amazon, pourraient quant à elles demander des autorisations pour construire des centres de données qui permettront d’exempter leurs projets des réglementations.
Pour obtenir une telle autorisation, les entreprises doivent se conformer à des conditions et restrictions strictes, notamment en termes de sécurité, et doivent partager rapports et historiques quant au respect des droits de l’homme.
Jusqu’à présent, l’administration Biden avait imposé des restrictions radicales à l’accès de la Chine aux puces avancées et aux équipements nécessaires à leur production, mettant à jour les contrôles chaque année pour renforcer les restrictions et repérer les pays détournant les technologies vers la Chine.
RETOMBÉES ET ENJEUX
Réagissant aux nouvelles mesures, Nvidia a critiqué leur portée « trop large » et estime que la Maison blanche va réprimer « une technologie qui est déjà disponible dans les PC de jeu grand public et le matériel grand public ».
Ces mesures redirigeront « la majeure partie du marché mondial de l’IA et des GPU vers nos concurrents chinois », a dénoncé plus tôt ce mois-ci le fournisseur de centres de données Oracle.
Les réglementations imposent par ailleurs des exigences de licence mondiales pour certaines puces – avec des exceptions – qui divisent le monde en trois catégories.
Environ 18 pays, dont la France, le Japon, la Grande-Bretagne, la Corée du Sud et les Pays-Bas, seront exemptés de ces règles. Quelque 120 autres pays, dont Singapour, Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, seront soumis à des plafonds. Les exportations seront bloquées aux pays soumis à un embargo sur les armes, tels que la Russie, la Chine et l’Iran.
En outre, les fournisseurs basés aux États-Unis susceptibles de recevoir des autorisations mondiales, tels qu’AWS et Microsoft, ne seront autorisés à déployer que 50% de leur puissance de calcul d’IA totale en dehors des États-Unis.
Les technologies d’IA ont le potentiel d’améliorer l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à l’alimentation, mais peuvent également aider à développer des armes, soutenir des cyberattaques et participer à d’autres violations des droits de l’homme.
« Les États-Unis doivent se préparer à une augmentation rapide des capacités de l’IA dans les années à venir, ce qui pourrait avoir un impact transformateur sur l’économie et sur notre sécurité nationale », a déclaré Jake Sullivan, conseiller américain à la sécurité nationale.
(Reportage Karen Freifeld à New York ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)