25 juin 2025Reuters

Les frappes US en Iran auraient seulement retardé le programme nucléaire de quelques mois-sources

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par Jonathan Landay, Gram Slattery et Idrees Ali

WASHINGTON (Reuters) – Une analyse préliminaire du renseignement américain a déterminé que les bombardements menés au cours du week-end par les Etats-Unis contre des sites nucléaires en Iran auraient seulement retardé le programme nucléaire de Téhéran de quelques mois, ont déclaré mardi à Reuters trois sources au fait de la question.

D’après deux des sources, le rapport préliminaire a été préparé par le service du renseignement rattaché au Pentagone, l’une des dix-huit agences américaines du renseignement.

Le document classifié vient contredire des déclarations du président américain Donald Trump et de responsables américains de haut rang, dont le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, qui ont déclaré auparavant que les bombardements menés par Washington en appui à la campagne de frappes israéliennes ont entièrement détruit le programme nucléaire de l’Iran.

Sollicitée, la Maison blanche a renvoyé à un communiqué effectué au préalable par la porte-parole de la présidence américaine auprès de la chaîne de télévision CNN, laquelle a rapporté en premier lieu la teneur du rapport du renseignement américain. Karoline Leavitt a déclaré que ces conclusions « supposées » étaient « complètement fausses ».

Donald Trump a justifié sa décision de bombarder l’Iran en déclarant que de telles attaques étaient nécessaires pour empêcher Téhéran de développer l’arme nucléaire. L’Iran nie avoir un tel objectif et répète de longue date que son programme nucléaire est uniquement destiné à des fins pacifistes.

Le président américain a déclaré dimanche que les frappes américaines ont « complètement et entièrement anéanti » les principaux sites nucléaires iraniens – Fordo, Ichafan, Natanz.

INCERTITUDES ET DÉSACCORDS

Evaluer les dégâts causés sur ces trois sites est considéré comme une mission délicate, qui mobilise plusieurs agences fédérales américaines.

L’une des sources a déclaré que les conclusions de l’analyse de l’agence de renseignement de la défense (DIA) n’étaient pas partagées unanimement et ont généré des désaccords importants.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, un représentant américain a déclaré que Washington ne connaissait pas pour l’heure l’ampleur des dégâts causés par les bombardements américains.

Reste que le rapport préliminaire de la DIA suggère que ces frappes pourraient ne pas avoir été aussi efficaces que ne l’a revendiqué l’administration Trump.

D’après l’une des sources, les stocks d’uranium enrichi de l’Iran n’ont pas été détruits. Le programme nucléaire de Téhéran pourrait avoir seulement été retardé d’un mois ou deux, a ajouté cette source.

Le Pentagone a rejeté l’idée que les dégâts causés au programme nucléaire iranien étaient seulement mineurs, même s’il n’a pas nié l’existence du rapport de la DIA.

« Sur la base de tout ce que nous avons vu, notre campagne de bombardements a anéanti la capacité de l’Iran à créer des armes nucléaires », a déclaré Pete Hegseth dans un communiqué fourni à Reuters.

« Nos lourdes bombes ont atteint l’endroit exact pour chacune des cibles et ont parfaitement fonctionné », a ajouté le chef du Pentagone. « L’impact de ces bombes est enseveli sous une montagne de décombres en Iran, donc quiconque déclare que les bombes n’ont pas été dévastatrices cherche uniquement à nuire au président et à cette mission réussie ».

La teneur de rapports préliminaires peut changer à mesure de la récolte de nouveaux éléments, et il n’est pas inhabituel que les opinions divergent entre les différentes agences américaines du renseignement.

Des compte-rendus qui devaient être effectués mardi auprès d’élus de la Chambre des représentants et du Sénat ont été annulés.

(Jonathan Landay et Idrees Ali à Washington, Gram Slattery à La Haye, avec la contribution de Phil Stewart et Jasper Ward; version française Jean Terzian)