20 octobre 2025Reuters

Gaza-Les émissaires américains attendus en Israël après de nouvelles frappes

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par Nidal al-Mughrabi et Steven Scheer

LE CAIRE/JÉRUSALEM (Reuters) – Des tirs israéliens ont tué trois personnes à Gaza lundi, ont déclaré des médecins, au lendemain d’une série d’affrontements qui font craindre un échec du fragile cessez-le-feu tandis que les émissaires américains sont attendus en Israël pour les prochaines étapes du plan de Donald Trump.

Un responsable palestinien proche des négociations sur le cessez-le-feu a déclaré que les médiateurs arabes et américains allaient intensifier leurs efforts lundi, alors que 28 personnes ont été tuées dimanche dans l’enclave palestinienne.

Tsahal a déclaré avoir lancé des frappes au cours du week-end sur Gaza en réponse à une attaque palestinienne ayant coûté la vie à deux soldats israéliens qui opéraient à l’intérieur de la ligne de déploiement à Rafah, dans le sud de territoire, et a accusé le Hamas de ne pas respecter la trêve.

Depuis l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas sous l’égide de États-Unis, des actes de violences répétées ont été signalés dans la bande de Gaza.

L’incident survenu lundi, à Touffah, dans la banlieue de la ville de Gaza, est le dernier en date à s’être produit le long de la « ligne jaune » qui sépare les positions israéliennes des principales zones peuplées à Gaza.

Selon les autorités sanitaires locales, les tirs de chars israéliens ont tué trois personnes. L’armée israélienne a affirmé que ses forces ont tiré sur des combattants qui avaient franchi la ligne jaune, afin d’en écarter la menace.

Des témoins ont ensuite fait état de tirs de chars israéliens dans le centre de la bande de Gaza, à l’est de Deir el Balah.

Les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre du président Donald Trump, se rendront ainsi en Israël pour insister sur le lancement de la deuxième phase du plan américain pour Gaza.

Le vice-président américain, JD Vance, devrait également se rendre en Israël mardi, a indiqué l’autorité aéroportuaire du pays.

LES DIRIGEANTS DU HAMAS PEUT-ÊTRE PAS IMPLIQUÉS

Les habitants de la ville de Gaza se sont dit confus quant au tracé de la ligne jaune, visible sur des cartes en ligne mais pas encore établie par des marquages physiques le long de la majeure partie de l’itinéraire.

« Toute la zone est en ruines. Nous avons vu les cartes, mais nous ne pouvons pas dire où se trouvent ces lignes », a déclaré Samir, 50 ans, qui vit à Touffah.

L’armée israélienne a publié lundi une vidéo montrant des bulldozers déplaçant des blocs jaunes pour délimiter la ligne.

Israël et le Hamas ont tous deux déclaré qu’ils restaient attachés au cessez-le-feu après sa brève rupture dimanche.

La branche armée du Hamas a affirmé qu’elle n’était pas au courant d’affrontements à Rafah et qu’elle n’avait pas été en contact avec les groupes de cette ville depuis le mois de mars.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a prévenu que tout combattant du Hamas se trouvant dans les zones de Gaza encore sous contrôle israélien devait quitter les lieux immédiatement. Toute personne restant au-delà de la ligne jaune serait prise pour cible sans avertissement, a-t-il prévenu.

Bien qu’Israël ait déjà menacé de suspendre l’approvisionnement de l’aide à Gaza, un responsable de la sécurité israélienne a déclaré que les convois continueraient d’entrer dans l’enclave.

Donald Trump, de son côté, a affirmé que le cessez-le-feu qu’il avait négocié était toujours en vigueur et estimé que les dirigeants du Hamas n’étaient peut-être pas impliqués dans les violations de la trêve.

« Nous pensons que les dirigeants ne sont peut-être pas impliqués », a-t-il déclaré aux journalistes à bord d’Air Force One.

LES GAZAOUIS CRAIGNENT UN RETOUR DE LA VIOLENCE

La visite de Steve Witkoff et Jared Kushner en Israël était prévue avant la flambée de violence de dimanche, ont indiqué des sources américaines et israéliennes.

Il est toutefois peu probable qu’Israël rende publique une quelconque avancée dans les négociations tant que toutes les dépouilles des otages du Hamas n’auront pas été restituées.

L’Etat hébreu exige également des garanties sur les capacités du Hamas à restituer immédiatement les corps de six otages, sur les 16 toujours à Gaza.

Le Hamas a déclaré dimanche qu’il avait localisé un corps et que celui-ci serait restitué à Israël si les conditions le permettent.

Lundi, la chaîne publique israélienne Kan a indiqué que des préparatifs étaient en cours pour le transfert d’un otage décédé.

L’Égypte accueillera le chef du Hamas en exil Khalil Al Hayya lundi pour discuter des moyens de poursuivre la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Un responsable palestinien, proche des pourparlers, a déclaré que la délégation du Hamas discuterait des moyens de faire avancer la formation d’un organe technocrate chargé de la supervision de la bande de Gaza, sans représentation du Hamas.

Israël exige le désarmement et le départ du Hamas de l’enclave palestinienne, ce que le groupe refuse.

Le Hamas et d’autres factions alliées rejettent tout protectorat étranger à Gaza – comme le prévoit le plan en 20 points de Donald Trump – ce qui pourrait compliquer la mise en œuvre de l’accord.

(Rédigé par Nidal al-Mughrabi au Caire, Steven Scheer, Alex Cornwell et Maayan Lubell à Jérusalem ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)