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Le Valais accorde davantage d’accompagnement spirituel en prison

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Au vu de l’augmentation de la population carcérale, l’Etat du Valais a décidé d’augmenter le temps de travail des aumôniers catholiques et protestants au sein de ses établissements de détention.

Après de longues années de statu quo, l’Etat du Valais a décidé de renforcer la présence des aumôniers au sein de ses établissements pénitentiaires. Une nouvelle Convention a été signée à cet effet, le 27 juin dernier, entre le Service de l’application des peines et des mesures (SAPEM) et les représentants des Eglises reconnues du canton, soit le Diocèse de Sion et l’Eglise réformée évangélique du Valais (EREV). Désormais, l’Etat financera à chacune – selon un forfait annuel de 45’000 fr. – un EPT hebdomadaire de 30% (contre 20% accordés depuis 2011).

«Depuis longtemps, les Eglises me faisaient part de leur désir de revoir à la hausse le temps de travail alloué aux aumôniers. Ceux-ci n’étaient plus en mesure de faire le tour de toutes les demandes et devaient se résoudre à opérer des choix de priorité», confie Georges Seewer, chef du SAPEM. Et d’ajouter: «L’augmentation en cours des places de détention m’a permis d’argumenter dans ce sens.»

Le paysage carcéral valaisan se trouve en effet en pleine restructuration, avec notamment la nouvelle construction de l’Etablissement pénitentiaire de Crêtelongue, comprenant deux nouveaux bâtiments, ainsi que l’ouverture en juin du nouveau Centre de détention administrative à Sion.

Le Valais compte actuellement près de 300 places de détention, réparties entre cinq établissements. Selon la stratégie pénitentiaire «Vision 2030», il devrait en compter 367 à l’horizon 2030, contre 268 places en 2018. Soit une augmentation en douze ans de 37% de la capacité, tous sites confondus, pour un taux d’occupation conséquent. «Le Centre éducatif de Pramont est carrément plein à 100% en permanence», renseigne Georges Seewer. «Pour les autres sites, on oscille généralement entre 85% et 90%.»

Garantir l’équité

«Le diocèse de Sion est très heureux de la signature de cette nouvelle convention», réagit son vicaire général Pierre-Yves Maillard. «Elle permet de clarifier le mandat, l’esprit et les conditions d’exercice de l’aumônerie en milieu pénitentiaire et témoigne de la prise en considération de la dimension spirituelle et humaine des personnes en détention.»

«Nous accueillons cette augmentation avec un réel soulagement», exprime Jeff Roux, aumônier catholique. «En préventive, on faisait six heures d’écoute non-stop, avec des temps dévolus à chaque détenu restreints pour pouvoir accéder au maximum de demandes.» «Il peut arriver qu’on ait plus d’une quinzaine de demandes par jour», renchérit Agnès Thuégaz, aumônière de l’Eglise réformée. «Cette demi-journée supplémentaire devrait garantir que chaque détenu qui le souhaite puisse être entendu.»

Les besoins se révèlent surtout criants en préventive. «En exécution des peines, les prisonniers sont obligés de travailler, donc ils ont un semblant de vie sociale», formule Georges Seewer. «En préventive par contre, seuls quelques prévenus bénéficient d’une activité dans un atelier. Certains ont parfois encore l’interdiction d’avoir des visites. De fait, la visite de l’aumônier apporte une vraie respiration.»

Nécessité éprouvée

En poste depuis dix ans, Jeff Roux se réjouit d’observer «une meilleure compréhension et considération du rôle de l’aumônerie» de la part des autorités carcérales. Un changement de perception qui suivrait, selon lui, une évolution plus profonde au sein du système pénitentiaire: «Il y a dix ans, tout était axé sur le sécuritaire. Aujourd’hui, il est admis que pour sécuriser, il faut humaniser. Cela a redonné de la place à l’aumônerie, comme à d’autres acteurs tels que les assistants sociaux et les psychologues.»

«Les aumôniers sont aussi là pour désamorcer des situations personnelles relativement difficiles ou graves. Leur présence permet de faire baisser la tension», exprime d’ailleurs Georges Seewer. Ces derniers ne se cantonnent en effet plus aux questions purement religieuses mais prodiguent une écoute et un accompagnement spirituel au sens large. «L’enjeu c’est de créer un espace où l’identité blessée peut être accueillie, où la personne peut retrouver sa pleine humanité. On travaille aussi sur toutes les questions de culpabilité ainsi que les craintes liées à l’avenir», formule Agnès Thuégaz. «Qui suis-je quand j’ai commis le pire? Qu’est-ce que je pourrais faire quand je sortirais, alors que j’ai perdu mon travail, mon appart, ma famille?», illustre encore Jeff Roux.

Engagement complémentaire

Si le rôle des aumôniers est aujourd’hui davantage reconnu et si l’actuelle restructuration du paysage pénitentiaire valaisan a été décisive dans la mise en place de cette nouvelle convention, les besoins ne sont cependant pas nouveaux. En 2007, l’Eglise réformée avait d’ailleurs choisi de réagir en finançant directement un 10% supplémentaire à son aumônier en augmentant la cotisation de ses paroissiens de 1 franc par année à cet effet.

Un engagement que renouvelle aujourd’hui l’EREV en continuant de financer un 10% supplémentaire, comme le précise son actuel président Stephan Kronbichler. «Nous prenons note avec gratitude de cette augmentation du financement par l’État qui reconnaît ainsi la qualité du travail fourni et l’utilité de cette présence dans les prisons. De notre côté, nous soulignons une seconde fois son importance en ajoutant ce 10% aux frais de l’Église.» Du côté catholique, «la situation financière du diocèse de Sion ne le lui permet malheureusement pas» d’en faire de même, communique Pierre-Yves Maillard.

Focus sur la réinsertion sociale

Sous l’impulsion des Eglises, et plus particulièrement en collaboration avec la Maison de la diaconie et de la solidarité, le SAPEM s’est également engagé à donner une continuité au projet pilote «Désistance» en créant ce printemps un poste de coordinatrice-animatrice. «L’idée est de mettre à la disposition du détenu un bénévole pour l’accompagner à l’extérieur dès que celui-ci a des jours de sortie, se retrouve en phase de probation ou après sa libération», explique Georges Seewer. «L’objectif est de le motiver à quitter son comportement délétère en l’aidant à se réinsérer au sein d’un nouvel entourage. Car si on ne fait rien, le détenu va retrouver ses anciens camarades et retomber dans le réseau qui l’a finalement amené à être délinquant.»

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