Les chrétiens en Irak
Depuis la fin de la guerre du Golfe en 2003, les islamistes ont pris toujours plus d’influence, les sunnites se sont battus contre les chiites, des
églises ont été la cible d’attentats et les meurtres de chrétiens se sont multipliés. Malgré la persécution, les chrétiens irakiens persévèrent dans leur foi et restent dans leur pays. Leur engagement permet à un grand nombre de musulmans, de Kurdes et de Yézidis d’accepter Jésus comme Seigneur.
Situation générale
Depuis que la dictature sunnite de Saddam Hussein a trouvé une fin brutale avec l’intervention internationale de 2003, l’Irak n’a plus connu la paix. Le pays s’est progressivement désintégré sous l’effet des actes de terrorisme et de représailles entre sunnites et chiites. Dans ce vide du pouvoir, la minorité kurde jusque-là opprimée a pu se créer une province-Etat kurdophone autonome, au nord, et se fermer à tout ce qui est arabe. A Bagdad et dans le sud, c’est la majorité arabe chiite, également opprimée jusque-là, qui, menée par Nouri Al-Maliki, s’est approprié tous les postes importants du gouvernement et de l’armée, ne laissant aux Arabes sunnites du centre-ouest du pays qu’une participation symbolique au gouvernement. En conséquence, toujours plus de sunnites se sont ralliés à l’odieux combat terroriste d’Al-Qaïda en Irak, et parmi eux beaucoup d’anciens soldats de Saddam Hussein, naguère privilégiés. C’est ainsi qu’a pu se développer l’organisation terroriste dite Etat islamique, qui mène maintenant une guerre impitoyable à tous ceux qui ne sont pas sunnites.
Situation des chrétiens en Irak
Le christianisme est présent en Irak depuis près de 2000 ans, principalement à Mossoul et dans la plaine fertile de Ninive, où l’on vénérait depuis des temps encore plus anciens le tombeau du prophète Jonas, avant que l’Etat islamique le détruise à l’explosif en 2014. L’Irak est sans doute le berceau de la plus ancienne civilisation humaine, avec Ur en Chaldée, qui est la patrie de deux hommes de Dieu dans la Bible, Noé et Abraham. La fertile Mésopotamie de la Bible a été le centre des grands empires des Assyriens (Ninive), des Babyloniens (Babel) et des Mèdes (Kurdes). L’Irak a aussi été le pays d’exil de nombreux juifs. C’est là Chrétiens dans les camps qu’ont vécu des prophètes comme Daniel et ses trois amis courageux (Daniel 3) de réfugiés et Esdras. C’est également le lieu de naissance du talmud juif.
Depuis le VIIe siècle, l’Irak est dominé par l’islam. Les juifs et les chrétiens sont tolérés, mais seulement comme citoyens de seconde classe. Pourtant, surtout depuis le XXe siècle, les chrétiens d’Irak ont formé une bourgeoisie cultivée qui a joué un rôle majeur dans l’édification de l’Etat moderne. Il en a été de même pour la cruelle dictature sunnite de Saddam Hussein, au pouvoir de 1979 à 2003. S’appuyant sur le parti baas socialiste (non religieux), Saddam Hussein a éliminé impitoyablement tous ses adversaires, allant jusqu’à gazer en 1988 une ville kurde entière, Halabja. A la suite de cela, un gouvernement régional kurde autonome a été instauré en 1992 à Erbil sur mandat de l’ONU. L’Etat régional kurde du nord de l’Irak, de langue kurde et séparé du reste de l’Irak, qui parle arabe, existe encore aujourd’hui et offre aux minorités persécutées d’Irak un refuge et la liberté religieuse. Depuis 2014, c’est là que vivent la majorité des chrétiens d’Irak.
Oppression et persécution
Sous l’islam, les chrétiens n’ont jamais connu l’égalité des droits. Sous la dictature de Saddam Hussein, ils étaient condamnés au silence, mais pouvaient pratiquer leur foi avec certaines restrictions. Depuis la fin de la guerre du Golfe en 2003, les islamistes ont pris toujours plus d’influence, les sunnites se sont battus contre les chiites, des églises ont été la cible d’attentats et les meurtres de chrétiens se sont multipliés. Les chrétiens sont nombreux à fuir Bagdad, voire à quitter l’Irak.
La situation a empiré d’année en année. En juin 2014, l’«Etat islamique» (EI) a lancé sa guerre-éclair et s’est emparé en peu de temps de Mossoul, la deuxième ville du pays, et des régions habitées par les minorités irakiennes: les Yézidis, les Kakaï et surtout les chrétiens. Partout où il occupait des villages et des villes, il instaurait aussitôt la charia la plus stricte. Les chrétiens ont dû choisir entre se convertir à l’islam, s’acquitter d’un lourd impôt de «protection», s’enfuir ou être tués. Leurs maisons et leurs biens ont été officiellement transférés à des sunnites, et dans leur fuite ils ont été dépouillés aux check-points de tout leur argent, de leurs objets de valeur et de leurs papiers. Les Yézidis, les Kakaï et les chiites, eux, ont été massacrés sur-le-champ, du moins les hommes, tandis que de nombreuses filles et femmes ont été enlevées pour devenir les esclaves sexuelles des combattants de l’EI. Depuis ces événements, les chrétiens, qui étaient encore un million et demi en Irak en 2003, ne sont plus qu’environ 300’000 (estimation), dont plus de 60 % déplacés au Kurdistan irakien dans des logements provisoires.
Situation actuelle dans le Kurdistan autonome du nord de l’Irak
Dans le Kurdistan autonome du nord de l’Irak, il a pu se constituer, depuis 2000, de plus en plus de communautés de convertis d’origine kurde, kakaï, yézidie et chiite, qui, comme les minorités ethniques chrétiennes traditionnelles, bénéficient ici d’une relative liberté religieuse. Depuis peu, cependant, des tendances islamistes gagnent aussi le Kurdistan et menacent progressivement cette liberté.
- En juin 2014, les combattants de l’EI ont pris la ville de Mossoul. Le 18 juillet, les chrétiens ont reçu un ultimatum d’à peine un jour pour choisir entre devenir musulmans, payer un lourd impôt de « protection », quitter la ville ou être tués. Ils sont tous partis.
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Au début d’août 2014, l’EI avait conquis toute la province de Mossoul, où se trouvait aussi la plus grande ville chrétienne d’Irak, Karakosh.
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La plus grande ville chrétienne d’Irak est maintenant Ankawa, un quartier d’Erbil, à cause des nombreux réfugiés. Mais beaucoup de chrétiens vivent aussi à Dohouk, à Zakho et à Souleimaniye.
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Beaucoup de chrétiens vivent encore à Bagdad, mais ils ne se réunissent plus que dans les maisons, les églises étant devenues trop dangereuses.
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Chaque jour, des chrétiens quittent l’Irak, et c’est une perte irréparable, que déplorent ouvertement non seulement de nombreux responsables chrétiens irakiens, mais aussi le Premier ministre Haïder al-Abadi et le président du Kurdistan Massoud Barzani.
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Mais la terreur sunnite de l’EI continue à sévir en Irak contre les chrétiens et les autres non-sunnites, et personne ne semble pouvoir ou vouloir l’arrêter,
puisque l’EI est financé par l’Arabie saoudite et le Qatar et que de nouveaux djihadistes continuent d’affluer de toutes parts, même d’Europe, en passant sans encombre par la Turquie et la Syrie. -
Pour les réfugiés chrétiens qui s’entassent dans des camps en Irak du Nord, un retour chez eux à Mossoul ne pourra s’envisager qu’après la fin du terrorisme.
On ignore totalement si une vie en sécurité et une réconciliation avec les musulmans seront encore possibles pour eux en Irak.
Prions et rendons grâce pour les chrétiens d’Irak
Prions
– pour la fin de la guerre, des violences et de la terreur en Irak;
– pour la sécurité des chrétiens irakiens et des convertis persécutés;
– pour que les chrétiens irakiens, malgré la persécution, aient le courage de transmettre leur foi et de répondre à leur vocation d’être les ambassadeurs de
Jésus dans leur pays;
– pour que les chrétiens irakiens ne perdent pas l’espoir en leur pays, mais reçoivent la vision d’y rester pour s’y investir utilement. Pour qu’ils s’engagent
en faveur de la réconciliation et d’un avenir meilleur.
Remercions Dieu
– pour les nombreux chrétiens irakiens qui, malgré la persécution, persévèrent dans leur foi et restent dans leur pays;
– pour le nombre toujours plus grand de musulmans, de Kurdes, de Yézidis, qui acceptent Jésus pour Seigneur;
– pour les nombreuses Eglises et organisations occidentales, dont le groupement d’œuvres d’entraide «Réseau d’Espoir» du Réseau évangélique suisse, qui font parvenir une aide quotidienne aux chrétiens et aux réfugiés irakiens et leur apportent aussi une nourriture spirituelle.