Les attaques contre les chrétiens s’intensifient en Inde
La persécution des chrétiens a fortement augmenté en Inde, mais les victimes se taisent souvent. Il s’agit surtout de menaces, d’actes de violence, d’intimidations, d’arrestations arbitraires, de plaintes infondées, de détentions de longue durée, de discriminations, de destructions de maisons ou d’églises et même de meurtres.
À l’invitation de l’intergroupe Freedom of Religion or Belief and Religious Tolerance (FoRB & RT), un groupe mis sur pied par le Parlement européen à Bruxelles pour faire progresser la tolérance religieuse, l’avocate Me Arora a apporté une contribution impressionnante au sujet de la liberté de religion dans son pays, l’Inde.
Elle rappelle que la société indienne est profondément religieuse et pluraliste. Parmi 1,3 milliard d’habitants, on compte 25 millions de chrétiens. « L’Inde est une nation démocratique qui garantit à chaque habitant la liberté d’expression et la possibilité de pratiquer ou de diffuser librement sa foi personnelle. »
Au cours des dernières décennies, en dépit de ces éléments encourageants, le pays a été hanté par la violence des extrémistes à l’encontre des minorités religieuses. Leur cruauté est attisée par l’idéologie hindoue (Hindutva) qui considère l’Inde comme une nation hindoue et selon laquelle les membres des minorités religieuses sont considérés comme des citoyens de seconde classe.
Les victimes n’osent souvent pas porter plainte par crainte de subir des représailles. De plus, la police ne prend souvent pas au sérieux les minorités. Au contraire, elles sont régulièrement brimées. Certaines fois, les victimes des attaques sont elles-mêmes accusées et arrêtées. « L’impunité dont bénéficie la foule violente me préoccupe beaucoup », déclare Me Arora. L’indifférence de la police s’est montrée particulièrement condamnable lors du pogrome au Kandhamal en 2008, qui avait vu l’assassinat de plus d’une centaine de chrétiens. Suite aux plus de 2500 actes d’accusation qui ont été enregistrés, 84 000 personnes ont été accusées. Cependant, jusqu’à ce jour, seules neuf personnes qui ont participé aux attentats contre les chrétiens ont été condamnées.
La haine et la violence à l’encontre des minorités religieuses comme les chrétiens et les musulmans sont attisées par les lois « anticonversion ». Ces lois imposent notamment des barrières administratives considérables aux personnes qui se convertissent de l’hindouisme à une autre religion.
Avant leur conversion, les hindous sont souvent intimidés par des menaces qui les retiennent de se convertir à une autre religion. À cela s’ajoute que dans le cadre de l’hindouisme, les intouchables (dalits) bénéficient maintenant de privilèges étatiques (subventions, offres d’emploi, formation, etc.). Mais dès qu’un dalit hindou change de religion, il se voit retirer toute aide étatique. Au contraire, il est discriminé et menacé. La peur retient donc de nombreux dalits qui évitent de se convertir.
Dans six États indiens, les lois « anticonversion » sont déjà entées en vigueur. Or la volonté des membres hauts placés du parti BJP au pouvoir est d’instituer ces lois au niveau national.
À Nagercoil (État du Tamil Nadu), Noah et Rathnakumar, deux jeunes bénévoles d’une communauté chrétienne, ont disposé des panneaux de signalisation pour signaler un événement dans leur communauté. Lorsqu’ils rentraient, la police les a interceptés et emmenés au poste de police. Le vice-inspecteur Ravichandran les a ensuite nargués et battus. Les jeunes gens, grièvement blessés, ont dû être hospitalisés. Les dirigeants chrétiens ont déposé plainte contre l’inspecteur. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réaction.
Dans sa contribution, Me Arora mentionne une série de recommandations pour protéger les minorités indiennes : ainsi, la liberté de religion devrait être soutenue en Inde ; s’il y a violation, les mesures policières et juridiques devraient être mieux appliquées. Les lois « anticonversion » devraient être abolies ou modifiées de façon à correspondre aux standards internationaux relatifs aux droits de l’homme. En outre, le gouvernement indien devrait condamner publiquement des autorités ou les responsables religieux qui appellent à la haine religieuse.
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