FAMILLE & VIE : « Si la famille va bien, l’Église, la société et les nations iront bien », Dr SHU
Le bien de la famille est déterminant pour l’avenir du monde et de l’Église, foi du Dr Daniel SHU, Conseiller matrimonial, conférencier international, formateur des formateurs et enseignant en leadership et gestion des organisations. Médecin radiologue de formation, le Dr SHU est également pasteur ordonné. Il est marié à Elizabeth, enseignante de formation et responsable nationale d’un ministère de femmes au Cameroun qui prient pour l’église et les nations dénommée « Femmes Pleureuses » En 30 ans de vie conjugale heureuse, le Dr SHU et son épouse ont plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du conseil conjugal, une riche expérience qu’ils partagent dans le monde à travers des séminaires. Ils ont publié plusieurs livres sur le mariage et le leadership, qui sont lus à travers l’Afrique et bien au-delà. Découvrez à travers cette interview exclusive, cet homme de conviction, ce pèlerin engagé pour la survie de la famille. Il s’exprime sans langue de bois dans un langage aussi familier que chaleureux.
Journal Chrétien : Dr Daniel Shu, vous êtes reconnu comme l’un des hommes de Dieu africains ayant consacré sa vie à enseigner à travers le monde sur une problématique d’actualité qui gangrène la société entière : la famille. Alors dites-nous, qu’est-ce qui ne va pas dans la famille pour que vous en parliez autant ?
Dr Daniel SHU : Merci beaucoup au Journal Chrétien que je découvre ici au Burkina Faso. Vous savez, la famille est le noyau de la société. Et si la famille va bien, l’Église ira bien, la société ira bien et les nations iront bien. Malheureusement, en ce troisième millénaire, la famille est sérieusement attaquée. D’abord, au niveau traditionnel africain, il y a le mysticisme, la polygamie. Au niveau mondial, nous faisons face aujourd’hui au postmodernisme qui impacte négativement l’institution familiale avec l’homosexualité et ce qu’on appelle « les singletons », c(est-à-dire les familles monoparentales. Et vous savez, il y a même un président d’une grande nation qui a pu dire que dans la famille, le mari n’est plus indispensable. Cela sous-entend qu’on peut avoir une famille où ce n’est que la femme et les enfants, ou bien où il n’y a qu’un homme et les enfants. En plus, aujourd’hui, la science est en train de vouloir développer les enfants dans les laboratoires. Cela veut dire qu’on n’a plus besoin de la famille pour avoir des enfants. Tu peux être un homme, tu vas au laboratoire, tu commandes un enfant et vice versa. Et puis, vous vivez sexuellement dans l’homosexualité, dans l’impudicité et tout ça. En plus, il y a les enfants qui sont vraiment lésés dans notre monde d’aujourd’hui. Vous savez, on n’entendait pas parler du phénomène des enfants de la rue. Mais aujourd’hui, c’est monnaie courante dans toutes nos grandes villes. Il y a la délinquance juvénile, la drogue qui se vend même dans les écoles. Nos adolescents, de plus en plus, sont en crise. Et enfin, le téléphone. Le téléphone aujourd’hui, a amené l’impudicité parmi nos enfants et parmi les membres des familles. Je suis un conseiller matrimonial et je me rends compte que beaucoup de familles sont déchirées à cause de l’utilisation du téléphone. Bref, je peux dire un seul mot que la famille au troisième millénaire est malade. La famille a abandonné les principes de son créateur et est en train de poursuivre des principes destructeurs, des principes sataniques qui ont pour seule conséquence son déclin. Mais alors, en tant que chrétiens, nous avons besoin de relever ce défi et de protéger la famille. Voilà pourquoi ma femme et moi, nous sommes engagés pour contribuer à cet objectif.
Justement, parlant de la famille chrétienne, est-elle touchée par les maux que vous venez de décrire ?
Oui malheureusement. Je conseille sur dix familles huit au plus. Et les maux comme l’impudicité, le mysticisme ou encore le phénomène des enfants de la rue, sont présentes dans nos églises. Par exemple, ma femme et moi, avons trois enfants de la rue à la maison que nous avons récupérés et qui heureusement ont accepté le Seigneur Jésus. Et on est en train de redonner une chance à leur vie. Donc, en réalité, la famille chrétienne est sérieusement concernée. Considérons également, le problème des téléphones. Il frappe de plein fouet les familles chrétiennes.
Je suis un enseignant-chercheur. Mes étudiants ont fait des recherches sur la famille chrétienne. Les résultats, aussi surprenants soient-ils, indiquent premièrement que dans les familles chrétiennes, 80% des femmes ne sont pas satisfaites. Bon, ce n’est peut-être pas un problème d’impudicité, mais c’est un problème d’ignorance. Deuxièmement, 50% des couples entre un et quinze ans n’ont pas des moments de méditation et de prière en tant que couple formellement constitué. Troisièmement, les problèmes recensés dans les foyers chrétiens sont liés aux caractères des partenaires, aux finances, aux manifestations d’amour, à l’éducation des enfants et aux problèmes de communication. Bref, en réalité, que ce soit les familles chrétiennes ou non chrétiennes, il y a vraiment une souffrance qui ne dit pas son nom. Pire, on a même eu des enfants de chrétiens qui sont homosexuels. Un cas pathétique, j’ai eu à renvoyer un enfant homosexuel de mon école dont le père était pasteur. Cet enfant était infiltré pour pouvoir recruter d’autres. Donc la famille chrétienne n’est pas en reste.
Dr SHU, vous êtes médecin radiologue de formation. Dites-nous, comment en êtes-vous arrivé aujourd’hui à ce stade de formateur conseiller passionné au service des familles ?
Oui, effectivement, je suis d’abord médecin radiologue, qui a fonctionné dans mon pays le Cameroun pendant 30 ans. Pour avoir également travaillé avec un ministère qui s’appelle « Haggaï Institute », je suis aussi professionnel en leadership. J’ai un master et un doctorat en leadership, et actuellement, je suis professeur d’université en leadership. Mais en ce qui concerne le conseil matrimonial, c’est vraiment un appel. Le Seigneur nous a appelés, ma femme et moi pour ce ministère. Et comment cela est-il arrivé ? Quand on s’est mariés, on avait, pendant les 5 premières années, des difficultés dans notre foyer. On n’a pas été conseillé, donc on a commencé à chercher comment résoudre les problèmes dans notre foyer. Alors, je me suis mis à lire. J’ai lu énormément. J’ai lu les livres de Tim LaHaye sur les tempéraments, les livres de Guy Chapman sur le langage d’amour. J’ai lu beaucoup de livres. Et j’ai commencé à avoir une solution aux problèmes dans mon foyer avec ma femme. Le Seigneur nous a alors dit, « Va enseigner ces choses pour que d’autres couples n’en souffrent pas comme vous ». Nous avons alors commencé le ministère avec les séminaires de mariage. Et plus tard, le Seigneur m’a parlé en disant « Mais Daniel, tu ne te comportes pas comme un médecin. » Les médecins disent, « La prévention vaut mieux que guérir alors que toi tu attends que les gens se marient, qu’ils aient des problèmes avant que tu ne commences à aider à les résoudre. Pourquoi ne pas préparer les jeunes pour le mariage afin d’éviter les problèmes que vous avez ? » Nous avons alors commencé à animer des séminaires pour préparer les jeunes au mariage. Notre constat dans ce ministère est que le tiers des problèmes dans le foyer ne viennent ni du mari, ni de la femme ou même des enfants. Les problèmes viennent de l’extérieur notamment les problèmes mystiques, les problèmes de la belle famille, etc. Alors, le Seigneur nous a montré, à travers les expériences que nous avons vécues, de commencer à enseigner sur les fondations familiales. Et, ça fait une quinzaine d’années, le Seigneur nous a dit, « Vous vieillissez déjà, il faut passer le bâton à la génération suivante. » C’est ainsi que nous avons commencé à former des conseillers matrimoniaux. Donc, en réalité, ce sont mes connaissances médicales conjuguées à l’appel reçu du Seigneur et aux autres études que j’ai faites qui me confèrent la valeur de conseiller matrimonial que je suis aujourd’hui. Vous savez, c’est en Afrique que les diplômes sont tellement valorisés. En Amérique, c’est la compétence, c’est l’expérience qui est beaucoup plus valorisée. Ainsi, avec l’expérience que nous avons eue, nous sommes en train de former des conseillers matrimoniaux à travers l’Afrique.
Vous êtes également pasteur ?
Ah oui, je suis aussi pasteur. Je suis consacré comme pasteur de mon église. Et par la grâce de Dieu, nous avons implanté une dizaine d’églises dans ma dénomination. Mais en réalité, je suis pasteur junior. Il y a un pasteur résident dans l’église que je dirige. Et donc, je ne suis pas occupé à 100 %.
Concilier le rôle de pasteur et celui de conseiller matrimonial, n’est pas toujours évident ? Comment cela se passe-t-il au quotidien ?
En réalité, les deux se tiennent bien. Cela veut dire que le pastorat et le conseil matrimonial sont intimement liés. En effet, le conseil commence à l’intérieur de l’église pour enseigner les jeunes qui veulent se marier ou encore les couples en plein dans le mariage. Et ce n’est qu’après que le conseil s’étends au niveau extérieur. Donc, la connaissance sur le conseil matrimonial est d’abord purement biblique et cette formation est basée sur la parole de Dieu. D’ailleurs, c’est lui Dieu, le créateur. Donc, les deux sont liés.
Quel le rôle du conseiller familial et l’intérêt aujourd’hui, pour nos églises d’en avoir au sein de nos communautés ?
Très bien. Je préfère le mot conseiller matrimonial au terme conseiller familial. Quand on parle de conseiller conjugal, c’est le couple mari et femme qui est mis en exergue. Dans le concept de conseiller familial, c’est toute la famille qui est concernée. Mais quand il s’agit de conseiller matrimonial, ce sont tous les aspects du mariage qui sont pris en compte. Alors pour revenir au rôle du conseiller matrimonial, nous distinguons trois grands domaines. Premièrement, la préparation des jeunes pour le mariage que nous appelons le conseil prénuptial ou le conseil préventif. Deuxièmement, la résolution des problèmes dans le foyer pour créer l’harmonie et la joie de vivre appelé conseil curatif ou conseil conjugal. Et enfin, il y a le conseil a posteriori qui concerne les couples du troisième âge dit conseil post conjugal. Dans le conseil posteriori, le mariage, pour une raison ou une autre, est rompu et alors, soit c’est le divorce, soit c’est le veuvage, soit c’est la séparation. A cela s’ajoute un quatrième élément et non des moindres, c’est celui des spécialités dans la vie conjugale. Par exemple, la question de l’homosexualité constitue de nos jours une spécialité à part entière tout comme celle des familles monoparentales ou encore la problématique des enfants de la rue. On peut citer aussi d’autres problématiques qui concernent les membres de la famille notamment les adolescents ou encore la jeunesse qu’il convient de considérer avec intérêt. En résumé, le conseiller matrimonial joue plusieurs rôles relevant des domaines du conseil prénuptial, du conseil conjugal, du conseil du troisième âge et des spécialités.
Quelles sont les qualités requises pour exercer la profession de conseiller matrimonial ?
En réalité, nous conseillons qu’un conseiller matrimonial soit un homme ou une femme mariée qui a eu des expériences personnelles dans sa vie pour la simple raison qu’en conseillant, il faut soi-même en être un témoin vivant et un exemple. Pour la petite anecdote, à plusieurs endroits où j’ai enseigné seul, la même question revenait : « Mais Dr, où ta femme ? » Les gens veulent savoir si ce que je dis est vrai. Donc, moi je dis qu’un conseiller matrimonial idéal, c’est quelqu’un qui est marié, qui expérimente les choses et qui sait comment résoudre les problèmes dans son foyer. Mais nous lisons dans la Bible que Paul, grand conseiller matrimonial n’était pas marié. C’est un sujet de débat avec mes étudiants de théologie qui ne l’acceptent pas toujours aussi facilement. Bref, en plus d’un couple conseiller matrimonial, j’accepte quelqu’un qui a été marié et dont le partenaire est soit mort ou soit divorcé. Ce dernier a quand même expérimenté la vie conjugale. Comme tel, il connaît les difficultés du foyer et il peut par conséquent conseiller en retour ceux qui les vivent.
Au-delà des conditions ci-dessus citées, une formation biblique de base est-elle une exigence pour exercer le métier de conseiller matrimonial ?
Absolument. Il y a deux éléments que nous incluons dans la formation des conseillers. Le premier élément, c’est que les conseillers matrimoniaux doivent être des étudiants de la bible. Nous les conseillons de commencer d’abord par lire tout le nouveau testament plusieurs fois pour comprendre l’enseignement de Jésus et l’enseignement de Paul sur le mariage. Certes, l’Ancien Testament parle aussi du mariage, mais c’est beaucoup plus dans le contexte du judaïsme qui admet la polygamie, le lévirat et bien d’autres éléments qui ne sont pas chrétiens. Ainsi, nous insistons à lire d’abord le Nouveau Testament avant l’Ancien Testament très proche des traditions africaines. Cela permet de voir les différences et les complémentarités entre les deux volumes. Deuxièmement, nous dispensons des cours sur la Bible notamment un survol de l’Ancien et du Nouveau Testament et les principes bibliques sur le mariage. Cela permet une bonne connaissance de la parole de Dieu. A cela s’ajoutent les cours purement d’ordre pratique sur le mariage dans le but de préparer les jeunes à la résolution des conflits et des crises dans le foyer et comment vivre quand le mariage n’existe plus. C’est tout un programme de licence bien conçu pour les universités. Nous organisons aussi des formations rapides au profit des églises afin de leur permettre de disposer des conseillers matrimoniaux certifiés qui dispensent à leur tour des enseignements appropriés.
Quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez au quotidien dans ce travail ?
Le travail de conseiller matrimonial n’est pas une sinécure. D’abord, il convient de constater que plus de 80% de nos églises sont constituées de familles. Malheureusement, beaucoup d’églises n’enseignent pas sur le mariage. Combien de fois des enseignements sur le mariage sont dispensés dans nos églises par an ? Peut-être à peine deux fois ! C’est pourquoi, nous encourageons fortement les pasteurs à planifier des enseignements sur les différents aspects du mariage durant un mois au moins au profit des jeunes. C’est une chose qui ne se fait pas aujourd’hui. Conséquence, nous avons tellement de problèmes de divorce, pas seulement à hors de l’église au sein même de nos églises. Pour preuve, je suis en train de conseiller des couples ici à Ouagadougou qui sont en instance de divorce. Et curieusement, ce sont les femmes qui sont à l’origine de ces demandes de divorces. Autrefois, disait que ce sont les hommes qui étaient difficiles. Mais aujourd’hui, de plus en plus, nous voyons des femmes qui revendiquent le divorce. Le hic est que pour la plupart des cas, c’est l’infidélité qui en est la cause principale. Oui, l’infidélité du couple devient une préoccupation majeure de nos jours. Je ne sais pas si c’est l’homosexualité, la venue des téléphones, les médias qui nous exposent ces choses, ou bien si c’est le mysticisme qui s’accroît. Mais il y a tellement de cas d’infidélité même dans les églises.
Quels types de sujets font généralement l’objet de vos consultations en tant que conseiller matrimonial ?
Ecoutez, il faut d’abord faire observer que les hommes ne viennent pas habituellement pour le conseil. Vous savez, c’est la nature de l’homme ; il est confiant en lui-même. Il pense pouvoir résoudre tout seul ses problèmes. Et donc, il n’a pas besoin de se plaindre ou de se confier à quelqu’un d’autre. Huit (8) sur dix (10) cas des demandes de conseil viennent des femmes. Et habituellement, l’homme est réticent à la démarche. Au pire, si l’homme n’est pas chrétien, il refuse pratiquement le conseil. Dans la plupart des cas, c’est donc la femme seule que nous conseillons pour résoudre les problèmes du foyer sans pouvoir voir le mari. Pour ce qui est des sujets, beaucoup de couples sollicitent nos conseils pour généralement deux types de problèmes. Il s’agit des crises aiguës et des crises chroniques. Pour les crises aiguës, dès qu’elles sont résolues, la plupart des couples « disparaissent » et ne reviennent plus. Nous sommes le plus souvent obligés de « courir après eux » pour le suivi. Cependant, en tant que conseiller matrimonial professionnel, nous sommes en train de trouver une parade qui consiste à instituer le paiement des consultations. Une fois que les clients déboursent de l’argent, ils se sentent contraints de revenir parce qu’il y a derrière un coût. Enfin, il y a la question du favoritisme qui revient le plus souvent. Quand un couple consulte, la tendance pour l’un ou l’autre des partenaires est de penser que le conseiller agisse en sa faveur. En termes voilés, l’on s’attend à être favorisé. Et quand l’un ou l’autre des conjoints se sent lésé, il ne le revient plus. Le taux d’abandon n’est pas négligeable. Voilà, c’est un problème que nous avons dans le conseil. Et puis, évidemment, il y a certains cas où il est difficile d’apporter des solutions.
Dr SHU, au nom du « Sacro-Saint » principe de liberté et des droits accordées aux familles, d’aucuns estiment que c’est de l’immixtion dans la vie privée conjugale que de vouloir conseiller les couples. Comment gérer ces cas de figure ?
C’est vraiment un problème de plus en plus évident. Comme je vous l’ai dit plus haut, dans 8 cas sur dix, c’est la femme qui enclenche généralement la démarche. J’ai eu un cas où c’était l’homme qui a pris l’initiative de nous consulter. Cela montre la réticence des couples contemporains de vouloir consulter au nom de quelconques droits et libertés. Alors, comment nous résolvons ces cas de figures ? L’élément fondamental selon moi, c’est de mettre les couples en confiance et à l’aise à travers une bonne écoute de l’un et l’autre des partenaires. Il faut s’intéresser au centre d’intérêt de la femme qui est le plus souvent la famille pendant que l’homme est plus porté par son travail. Un autre élément important, c’est d’avoir le quitus du couple d’être conseillé. Dans le cas contraire, il sera utopique de continuer le conseil qui, du reste, ne sera pas appliqué. Donc, la mise en confiance, la bonne écoute, le respect des choix du couple, sont des éléments pouvant contribuer à trouver des passerelles pour aider ces couples.
Dr SHU, la vision pessimiste de l’évolution de la famille est largement partagée de nos jours au regard des nombreux maux qui minent les familles. Etes- vous un conseiller optimiste quant à l’avenir radieux de la famille ?
Ah oui, je suis extrêmement optimiste. La première raison est que celui qui n’est pas optimiste n’ira nulle part. Voyez-vous, nous avons commencé le programme de conseil matrimonial, il y a 15 ans et aujourd’hui, nous sommes déjà dans 5 pays : au Cameroun notre propre pays, ici au Burkina Faso, en Guinée-Conakry, au Tchad et au Bénin. Nous avons par ailleurs, débuté un programme au niveau de la Côte d’Ivoire. En ce qui concerne l’enseignement dans les églises, nous sommes au moins dans 7 pays. Donc, ça veut dire que le programme est en train de gagner du terrain. La deuxième raison pour laquelle nous sommes optimistes, c’est que nous avons beaucoup de pasteurs qui s’alignent avec nous. Nous sommes sollicités çà et là pour animer des séminaires et former des conseillers matrimoniaux. La troisième raison est que nous avons déjà un certain nombre d’étudiants au Cameroun et au Burkina Faso qui sont diplômés en License et bientôt il en sera de même dans d’autres pays. La quatrième raison est qu’en tant que pionniers en Afrique dans ce domaine, notre ambition à terme est de créer dans chaque pays où nous intervenons, une association nationale de conseillers matrimoniaux agrée par les Etats et qui puissent s’établir en clientèle privée à l’instar des pays d’Europe ou d’Amérique. Nous avons déjà cette association au Cameroun et elle est en train de se mettre en place ici au Burkina Faso pour s’étendre ensuite dans d’autres pays. Il faut souligner que nous sommes très bien accueillis ici au Burkina Faso parce-que nous travaillons sous la tutelle de la Fédération des Missions et Eglises Evangéliques (FEME) qui est sans aucun doute une force. Notre vision est que tout jeune aspirant au mariage soit formé par un conseiller matrimonial reconnu officiellement qui lui délivre une attestation de formation. Cà permettra de minimiser les nombreux problèmes que nous constatons au sein des couples de nos jours dans nos nations. Je suis donc optimiste parce-que la machine est en marche avec beaucoup d’engagement de part et d’autre.
Après 15 ans d’expérience dans ce domaine, dites-nous, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
En réalité, nous avons une trentaine d’année d’expérience dans ce ministère dont 15 ans dans la formation des conseillers matrimoniaux et celle des formateurs. Des 3 fonctions que j’exerce, le conseil matrimonial est celui qui m’a le plus marqué parce que le Seigneur nous a appelé dans ce ministère particulier pour rétablir l’harmonie et l’épanouissement de la famille africaine. J’en suis très fier parce que avant tout, c’est notre invention, ensuite le ministère connait du succès sur le terrain et enfin je le redis, c’est un appel du Seigneur et non une aventure d’un couple qui cherche à se faire connaître et faire valoir. Nous prions le Seigneur de nous accorder la grâce de pouvoir implanter solidement ce ministère en Afrique. Nous n’avons pas la prétention de pouvoir couvrir les 54 pays d’Afrique mais si le Seigneur nous donne la grâce de le faire dans au moins 12 pays, nous pensons que les successeurs que nous formons de part et d’autre, vont continuer cette merveilleuse œuvre pour la gloire de Dieu.
Quels conseils avez-vous à donner sur la problématique de la famille ?
L’Afrique est un continent à majorité jeune. Malheureusement beaucoup de parents ne connaissent pas ce qu’on appelle la crise de l’adolescence. Nous avons commandité une étude sur la famille et la conversion. Les résultats indiquent que 69% des membres des églises ont cru au Seigneur avant l’âge de 20 ans. Cela veut dire que si nous relevons le défi de la formation, de l’éducation et de la réorientation de la jeunesse, nous allons sauver nos familles parce que ceux qui croient vont se conformer aux règles de Dieu et vont avoir des mariages réussis. C’est notre premier domaine d’engagement et nous organisons partout où nous allons des séminaires de jeunes où nous enseignons les principes bibliques d’un mariage heureux. Notre deuxième domaine d’engagement concerne les couples que nous voulons épanouis. Pour cela, nous implorons tous les pasteurs et tous les leaders d’églises de ne pas laisser les jeunes se marier sans être préparés pour le mariage. A côté, nous formons aussi les leaders dans les églises. Nous sommes disponibles à former des conseillers familiaux, conjugaux ou matrimoniaux pour vu que les églises en expriment le besoin.
Notre troisième domaine d’engagement concerne ceux qui sont déjà formés. Nous les encourageons d’avoir un ministère auprès de la famille et il y en a plusieurs comme le ministère des jeunes, des familles monoparentales, des couples jeunes, des veuves, etc. Il convient que chaque conseiller se consacre à un ministère. Pour un début, nous conseillons aux conseillers d’exercer ce ministère gratuitement pour acquérir un capital d’expérience avant de s’établir en clientèle privée, le constat étant que certains dès le début courent après l’argent que l’expertise.
Nous encourageons par ailleurs les conseillers d’apprendre à écrire des livres sur la base de leurs propres expériences. Nous avons à notre actif une vingtaine de livres qui continuent de nous enrichir en plus d’apporter la connaissance aux autres. Donc, pour se faire connaitre, il faut en tant que conseiller, organiser des séminaires, écrire des livres et conseiller pour le début gratuitement.
Au terme de cette interview, quels appels avez-vous à lancer : à la jeunesse chrétienne désireuse de s’engager dans le mariage ; aux couples dans le mariage et aux églises en tant que entités « responsables » des familles?
Nous avons 3 appels : Le premier, ma femme et moi sommes disponibles pour aller dans les églises ou dans un pays donner nos services gratuitement. La parole de Dieu dit vous avez reçu gratuitement, il faut aussi donner gratuitement. Quand il s’agit d’une église, on ne demande pas forcément qu’on nous paye. Souvent, nous payons notre voyage et l’église assure notre hébergement et la restauration. Nous sommes également disponibles pour accompagner les écoles bibliques, les Instituts théologiques ou encore les universités évangéliques, qui souhaitent intégrer le programme dans leur curriculum d’enseignement. Enfin, nous voulons encourager les serviteurs de Dieu à donner une place prépondérante à la famille. Il est très important de consacrer chaque année dans les églises au moins un mois d’enseignement sur la famille. Le constat est que beaucoup d’écoles bibliques n’enseignent pas ou ne forment pas les pasteurs sur la famille. Aussi, nous suggérons que ces structures de formation consacrent un temps soi peu pour former les pasteurs sur ce sujet très sensible avant qu’ils ne sortent de ces écoles de formation. Je suis un agent du changement des mentalités et je milite avec les écoles bibliques de mon pays et d’ici de pour la spécialisation des pasteurs en fin de formation parce que tout le monde sort comme pasteur. Il n’y a pas par exemple de pasteur des jeunes, d’enfants ou encore de pasteurs spécialisés sur les questions du mariage, j’en passe. Il est envisageable d’avoir au minimum un programme de six (6) mois de formation des pasteurs qui peuvent se spécialiser dans des domaines particuliers donnés. Dans ce cas, le pasteur certes, peut tout faire mais il a une spécialité dans un domaine précis. Toute chose qui permet d’avoir des serviteurs de Dieu spécialisés et efficaces sur le terrain.
Je suis enfin très reconnaissant pour ce que le Journal Chrétien fait en vue de répandre les nouvelles et aider ainsi le monde à prendre connaissance des spécialités qui existent et qui peuvent aider nos églises, nos sociétés et nos nations. Je prie pour que le Seigneur continue de bénir le Journal Chrétien. Amen !
Pour le Journal Chrétien
Interview réalisée par Emmanuel LANKOANDE