Attentats de Paris : la réaction des chrétiens de France
Des chrétiens réagissent aux attaques terroristes du 13 novembre 2015 qui ont coûté la vie à au moins 128 personnes dans les dixième et onzième arrondissements de Paris.
Réaction de Sébastien Fath, historien, chercheur et membre du Groupe Sociétés Religions laïcités (GSRL) au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Hier soir, pour cause de retard, je n’ai pu entrer dans le théâtre du 11e arrondissement où j’avais réservé une place (ce qui m’arrive très rarement!). Du coup, je me suis balladé, en particulier Avenue Ledru-Rollin, et je me suis arrêté à l’angle de la rue de Charonne.
C’est là, à un moment précis, que j’ai entendu une série de déflagrations. Tac tac tac tac tac… Avec les passants près de moi, nous nous sommes dit que c’était des pétards chinois. Je me souviens avoir levé la tête pour voir si ce n’était pas plutôt des feux d’artifice, tout en me disant: quelle drôle d’idée, des feux d’artifice un 13 novembre? Autour de nous, la vie continuait, enjouée comme un samedi soir à Paris par une belle soirée de novembre.
Puis place de la Bastille, avant de reprendre le métro ligne 5, beaucoup d’effervescence. Des policiers très armés. Une ambulance qui passe…. Ambiance…. Dans le métro, nous n’avons pas marqué l’arrêt Oberkampf, ni l’arrêt République, ni l’arrêt Jacques Bonsergent. Etrange! Et des SMS ont commencé à m’arriver.
C’est alors que j’ai réalisé. A 200 mètres près, j’aurais pu essuyer une balle, mais ce n’est pas ce qui m’a frappé le plus. C’est l’absurdité stupide et inhumaine de la violence terroriste, le contaste maximal entre la haine meutrière et aveugle, et l’insouciance paisible des familles, couples et célibataires venus prendre un verre et se délasser, dans l’ambiance détendue d’un samedi soir de novembre à Paris.
Alors que la France fait le décompte des dizaines de morts tombés cette nuit et réalise qu’elle vient de vivre, en sa capitale, la pire attaque terroriste multi-sites de l’histoire de France, n’arrêtons pas de vivre. De sortir. De rire de tout.
Réaction d’Antoine Nouis, pasteur de l’Eglise réformée de France et directeur de la rédaction de l’hebdomadaire protestant « Réforme » :
Ce matin, ma première réaction est la sidération. Et pourtant la parole est nécessaire. Alors voilà ce que je peux dire.
La première réaction à une catastrophe est la solidarité. Je pense ce matin aux victimes, aux blessés, aux proches, à ceux qui sont traumatisés… mais aussi aux policiers, aux politiques, aux secouristes, aux médecins… Quand on ne peut rien faire, on peut encore penser, prier, être dans la compassion.
On ne sait encore rien de l’origine ni du parcours des terroristes, mais on ne peut isoler cette tuerie de ce qui se passe au Moyen-Orient. En parlant de diabolique, la Bible nous rappelle que le mal a une intelligence et qu’il est contagieux. La confrontation avec le mal radical altère les principes d’humanité et peut conduire à des actes radicaux.
Dans les évangiles, Jésus n’a jamais annoncé à ses disciples qu’ils vivront dans un monde apaisé et harmonieux. La seule chose qu’il a annoncée est la violence et la persécution. Nous sommes dans un monde dangereux, traversé par les haines et les folies… Nous le savions, il nous reste à l’apprendre.
« Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés » (Lc 21.9). Le dernier livre du Nouveau Testament nous parle d’un dragon, mais il nous rappelle aussi qu’à la fin, l’agneau immolé est vainqueur du dragon.
Aujourd’hui les dragons prolifèrent et les agneaux sont conduits à la boucherie, mais nous devons rester accrochés à cette promesse, à en être témoin et en vivre.
« L’espérance qu’on voit n’est plus une espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. » (Rm 8,24-25)
Réaction de François Clavairoly, pasteur de l’Église protestante unie de France et président de la Fédération protestante de France (FPF)
Devant la violence de l’attaque terroriste qui a fait tant de victimes et devant l’horreur que constituent de tels actes, la Fédération protestante de France veut en premier lieu adresser un message de condoléances et de soutien aux familles qui ont été si brutalement touchées. Avec ces personnes tuées ou blessées, la communauté nationale toute entière est concernée.
Il est nécessaire de se tenir unis dans une épreuve de cette ampleur.
Les valeurs de la République et de la démocratie sont visées, de même que la fraternité humaine est mise à l’épreuve par des actes injustifiables guidés par le mal.
La Fédération protestante de France, solidaire de tous ceux qui œuvrent pour la justice, l’ordre et la paix, exprime sa détermination à poursuivre sa mission de témoignage d’une espérance imprenable et à résister à toute forme de fanatisme.
C’est dans cet esprit que la FPF appelle l’ensemble de ses membres et invite tous ceux qui souhaitent s’y associer, à s’unir dans la prière pour faire face à cette épreuve et plus particulièrement dans le cadre des cultes célébrés le dimanche 15 novembre.
Elle appelle également à cultiver inlassablement par la parole et les gestes, la fraternité et la solidarité au cœur de la société française qui nous permettront de nous tenir ensemble, déterminés. »
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Evidemment, ici comme ailleurs, la réticence de la part des chrétiens à agir comme des groupes de pression constitue une difficulté majeure. Mais, là encore, ne faudrait-il pas s’interroger sur notre dispersion et nos réticences à agir comme lobby, quand il s’agit de défenses des libertés et droits humains fondamentaux ?