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Les chrétiens au Myanmar

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Au Myanmar, les chrétiens sont persécutés par l’armée. La corruption rampante et l’antagonisme à l’encontre des groupes ethniques sont également des causes de persécution. Etre birman équivaut à être bouddhiste. Les minorités ethniques non-bouddhistes sont par conséquent marginalisées.

Le Myanmar, anciennement la Birmanie, en Asie du Sud-Est, était longtemps connu comme l’un des pays les plus fermés du monde. Après avoir adopté une nouvelle constitution en 2007, et suite aux élections parlementaires de 2010, le pays s’ouvre progressivement. La junte militaire, au pouvoir depuis de nombreuses années, a transféré une partie de son autorité au nouveau gouvernement présidé par Thein Sein. Ce dernier laisse une plus grande place à la discussion publique et tolère un certain degré de liberté pour la presse. En novembre 2010, il a également relâché l’icône de la liberté et lauréate du Prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, placée en résidence surveillée.

Le gouvernement a conclu des cessez-le-feu avec au moins dix minorités ethniques, mettant un terme aux différentes luttes d’indépendance et permettant que certaines minorités soient même représentées au parlement. Mais en janvier 2011, il a rompu une trêve signée 17 ans auparavant avec les Kachin, principalement chrétiens, au nord du pays. L’attaque de l’armée a fait fuir quelque 100’000 personnes vers d’autres régions ou en Chine voisine. Une autre inquiétude concerne la minorité musulmane des Rohingya, une des minorités les plus persécutées au monde. Ils vivent dans l’état de Rakhine, près de la frontière avec le Bangladesh. La citoyenneté leur est refusée.

Situation des chrétiens au Myanmar

Chrétiens au MyanmarLes racines du christianisme au Myanmar remontent au 18ème siècle. En 1966, le gouvernement birman a expulsé tous les missionnaires étrangers, ce qui a contraint l’Eglise à prendre ses responsabilités et à devenir autonome. La majorité des chrétiens sont extrêmement pauvres. Ceux qui sont nés dans une famille chrétienne peuvent s’attendre à une vie de pauvreté, de discrimination et d’oppression. Les chrétiens sont confinés dans un même village, surveillés dans leurs déplacements, mis à l’écart en ce qui concerne l’éducation et les possibilités d’emploi. Beaucoup sont illettrés et n’ont aucune formation professionnelle.

Les pasteurs peinent à subvenir aux besoins de leur famille, car l’Eglise locale ne peut leur assurer le moindre soutien financier. Ils doivent gagner leur vie avant de pouvoir s’occuper de leurs responsabilités à la tête de l’Eglise.

Opression et persécution

Les chrétiens sont persécutés par l’armée. La corruption rampante et l’antagonisme à l’encontre des groupes ethniques sont également des causes de persécution. Etre birman équivaut à être bouddhiste. Les minorités ethniques non-bouddhistes sont par conséquent marginalisées.

Les chrétiens parmi les Rohingya majoritairement musulmans, sont ainsi exposés à une double pression: ils sont persécutés par le gouvernement et par leur ethnie. Une conversion du bouddhisme au christianisme a des conséquences dramatiques: les convertis sont rejetés par la famille et la communauté locale et traités comme citoyens de seconde classe. La discrimination est ressentie plus fortement à la campagne qu’en ville.

La pression est exercée à la fois par des groupes radicaux de moines bouddhistes et par le gouvernement qui soutient tacitement de tels mouvements. Un groupe nationaliste du nom de «969» est particulièrement actif auprès du parlement en cherchant à imposer des lois anti-conversion qui ont pour but de limiter les mariages interreligieux et les conversions, d’interdire la polygamie et d’introduire le contrôle des naissances. Si ces mesures concernent principalement la minorité musulmane, les chrétiens en seront également affectés. Au printemps 2014, un premier projet de loi a été déposé au gouvernement, soutenu par plus d’un million de signatures de citoyens à travers le pays. Les dirigeants utilisent le bouddhisme pour unir le pays autour de la majorité birmane qui représente près des deux tiers de la population. Les minorités principalement chrétiennes deviennent donc des cibles.

Situation actuelle

Le bouddhisme est omniprésent, non seulement dans les temples et pagodes, mais aussi par le grand nombre de moines. Les chrétiens qui ne participent pas aux pratiques bouddhistes, en particulier aux nombreuses fêtes, et ne donnent pas la ration de riz aux moines, connaissent une discrimination d’autant plus vive. Il n’est pas rare qu’une église soit attaquée par des bouddhistes et entièrement détruite. Les fidèles se réunissent alors dans leurs maisons sans faire trop de bruit.

Si un membre de la famille se tourne vers le christianisme, il apporte la honte à toute la famille. En cas de non-retour au bouddhisme, il sera rejeté et devra quitter les siens. L’Eglise joue alors le rôle de refuge en accueillant le nouveau converti. Les Eglises sont encouragées dans leur ministère par la formation de pasteurs. Les épouses des pasteurs apprennent à soutenir leur mari. Un accent particulier est mis sur le mariage chrétien.

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