Persécution des chrétiens du Nigeria
À l'heure de l'intelligence artificielle et des fake news, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien, un média sérieux reconnu par l'Etat. Faites un don ICI.Les chrétiens du nord du Nigeria sont de plus en plus persécutés par les extrémistes musulmans. La famille de Linus Kamba vivait à Pulka, une petite ville du district de Gwoza (État fédéré de Borno) au nord-est du Nigéria. Elle a été opprimée dans cette région à majorité chrétienne. Elle a dû s’enfuir devant la milice terroriste Boko Haram pour trouver asile dans le camp de réfugiés chrétien de Jos.
Les représentants CSI rencontrent Linus à Jos, dans le camp de réfugiés de la Stefanos Foundation,notre partenaire sur place. Cet ancien homme d’affaires est habillé élégamment avec sa chemise blanche. Il est important pour lui de garder sa dignité malgré son statut dévalorisant de réfugié. Et c’est dans un bon anglais qu’il retrace le parcours qui l’a finalement conduit depuis sa patrie jusqu’au camp de réfugiés.
Une majorité chrétienne sous un joug musulman
Linus Kamba vient de Pulka, une petite ville du district de Gwoza (État fédéré de Borno). À quelque huit kilomètres de la bourgade se trouve la forêt Sambisa, une réserve naturelle immense que Boko Haramemploie comme base arrière pour mener ses exactions. À cette époque, Linus est un homme d’affaires prospère. Il aime sa profession et sa patrie d’origine : « C’est chez soi que l’on se sent le mieux », explique-t-il.
Au point de vue religieux, le district de Gwoza est plutôt atypique pour le nord du Nigéria. En effet, Linus nous explique que plus de 70 % de ses habitants sont chrétiens. Néanmoins, comme dans tout l’État de Borno, c’est la charia qui est en vigueur. Raison pour laquelle le préfet du district a toujours été un musulman. « Comme chrétiens, nous avons toujours été désavantagés, que ce soit sur le plan politique ou économique. De même, sur le marché de l’emploi, les musulmans étaient favorisés. » Mais même si les chrétiens de Pulka sont souvent traités comme des citoyens de seconde catégorie, ils ont vécu longtemps en paix avec leurs voisins musulmans. Linus se souvient : « J’avais un ami musulman avec lequel je jouais volontiers au football ; nous plaisantions même au sujet des islamistes de Boko Haram. »
Les extrémistes sont de plus en plus menaçants
La coexistence pacifique entre les chrétiens et les musulmans connaît un premier coup d’arrêt lorsque des pancartes en langue arabe sont apposées contre les maisons et les clôtures à Pulka. Nous sommes en début 2013. Des traducteurs musulmans expliquent alors aux chrétiens le message de ces pancartes : « Les chrétiens ne peuvent plus aller dans leurs champs. » Linus relate avec tristesse : « Certains chrétiens ne s’y sont pas conformés. Nous ne les avons plus jamais revus. » Quelques semaines plus tard, Boko Haram lance son premier assaut contre Pulka et contraint tous les chrétiens, sous la menace des armes, à leur donner leur bétail : « Les islamistes ont ensuite emmené plus de 2 500 vaches vers leur quartier général dans la forêt. »
Une nouvelle série de pancartes arrive bientôt, avec une menace inscrite en arabe. Elle interdit aux chrétiens de se rendre au marché. Linus se met à désespérer : « C’était comme si Pulka avait été visité par la bête de l’Apocalypse ! » Suivent de nouvelles pancartes avec des menaces toujours plus violentes, qui sèment la panique au sein de la majorité chrétienne : les chrétiens et les membres de l’armée sont sommés de quitter Pulka sous peine de conséquences tragiques. Mais qu’est devenu l’ami musulman de Linus, avec lequel il plaisantait encore récemment sur Boko Haram ? « Je le voyais de loin. Il me recherchait, avec sa tenue treillis typique de la milice terroriste. » Un jour, Linus apprend l’enlèvement de sept filles chrétiennes qui se rendaient à Gwoza. Craignant une attaque générale, Linus et sa famille ne ferment pas l’œil la nuit suivante, atterrés par le manque de soutien des quelques soldats qui sont restés à Pulka. Ces derniers prétextent qu’ils n’ont reçu aucun ordre de protéger les chrétiens.
La fuite
C’est avec des moyens rudimentaires que la communauté chrétienne prépare sa défense. À part des arcs et des flèches, ils n’ont pas d’armes pour résister. Ils peuvent tout de même repousser une première attaque. Linus relate : « Ils ont essayé de bouter le feu à l’église, mais nous nous sommes regroupés pour les en empêcher. » Quelques jours plus tard, Boko Haram attaque une nouvelle fois Pulka avec le soutien de terroristes étrangers. Cette fois-ci, les milices envahissent la bourgade, lourdement armées de fusils et de grenades : « Nous avons pris nos jambes à nos cous pour fuir vers les collines environnantes. Cela nous a sauvé la vie. »
Comme il n’y a presque rien à se mettre sous la dent, les femmes retournent à Pulka pour chercher des vivres. Cela est très risqué : quatre femmes sont prises par Boko Haram et emmenées dans la forêt Sambisa. Finalement, les collines deviennent elles-mêmes si dangereuses que Linus, sa famille et des milliers d’autres réfugiés fuient vers le Cameroun le 23 août 2014.
Après une épidémie de choléra qui coûte la vie à plus de cent cinquante enfants, ces chrétiens pourchassés retournent au Nigéria. Linus et sa famille partent alors vers Mubi, une ville du nord de l’État d’Adamawa ; il se souvient : « Ce trajet a été très éprouvant ; en plus, mes huit enfants étaient malades. »
Cet homme d’affaires très compétent fait tout pour retrouver une place de travail qui lui convienne. Il trouve donc un poste de travail à Lagos (sud-ouest du Nigéria), alors que sa famille reste à Mubi, une ville réputée plus sûre. Mais lorsque Linus vient visiter sa famille en novembre 2014, Mubi est aussi devenue la proie de Boko Haram. L’armée nigériane reprendra certes la ville deux semaines plus tard, mais entre-temps, ils doivent à nouveau tous partir vers le Cameroun. Ils y rejoignent un camp de réfugiés, avant de poursuivre leur périple vers la ville de Yola, dans le nord du pays. Linus perd son travail à Lagos du fait de ses absences forcées, mais il le prend avec sérénité : « De toute façon, là-bas aussi, la situation pour les chrétiens n’était pas sûre. »
Enfin en sécurité !
À Yola, la famille entend parler du camp de réfugiés de Jos, un lieu sûr pour des chrétiens. Tandis que sa femme et ses enfants se rendent au camp de la Stefanos Foundation, Linus part seul à Maiduguri en quête d’un emploi. Boko Haram continue de mener des attaques terroristes dans cette grande ville située au nord-est du pays. Linus se sent donc mal et, après un téléphone avec sa femme, il se laisse convaincre de la rejoindre. Le 30 décembre 2014, Linus parvient au camp de Jos soutenu par la Solidarité Chrétienne Internationale. Linus relate avec un sourire éloquent : « Lorsque je suis arrivé ici, j’ai vu les sacs de riz et de maïs remis par la Stefanos Foundation aux personnes qui avaient fui ; j’ai vécu mon arrivée au camp comme un exaucement de mes prières. Je suis également reconnaissant envers les donateurs de la Solidarité Chrétienne Internationale qui nous ont permis d’exploiter un terrain agricole. » Parallèlement, cet homme vaillant est confronté à de nombreux défis : « Mes enfants grandissent et j’aimerais absolument leur offrir une bonne formation. Mais comment ? Je ne veux pas gaspiller mon temps. Je vais tout faire pour terminer une formation de comptable. Cela devrait être possible. Je suis un citoyen du Nigéria ! »
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pardon de vous interrompre, mais nous sommes dans le dernier trimestre de l’année 2024 et il sera bientôt trop tard pour nous aider dans cette collecte. Nous vous demandons de repenser au nombre de fois où vous avez consulté Chretiens.com et si vous pouvez donner 1 € au Journal Chrétien. Si chaque personne lisant les publications de ce site donnait 1 €, nous atteindrions notre but en quelques semaines.
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Le Journal Chrétien est au cœur de l'information en ligne.
Seuls 3% des lecteurs font des dons, alors si vous avez donné par le passé et si vous appréciez toujours nos publications, renouvelez votre soutien. Si vous n'avez pas encore décidé, rappelez-vous qu'il n'y a pas de petite contribution, tous les dons aident, qu'ils soient de 1 € ou 100 €.
Vos dons sont déductibles d'impôts
Si vous êtes un particulier résidant en France, vos dons sont déductibles à 66% de votre impôt sur le revenu, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable.Si vous êtes une entreprise française assujettie à l’IR ou l’IS, 60% de votre don au Journal Chrétien est déductible de l’impôt sur les sociétés, dans la limite de 5‰ du chiffre d’affaires. La réduction d’impôts sur le montant excédant ce plafond est reportable sur les 5 années suivant celle du don.
Chaque donateur reçoit immédiatement un reçu fiscal émis par J’aime l’info, une association reconnue d’intérêt général, qui a pour objet le soutien au pluralisme de l’information et la défense d’une presse numérique indépendante et de qualité.