Salah Mokrani : “Comprendre et aimer les musulmans”
À l'heure de l'intelligence artificielle et des fake news, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien, un média sérieux reconnu par l'Etat. Faites un don ICI.Depuis sa conversion au christianisme dans les années 80, Salah dédie sa vie à faire connaître l’Évangile aux musulmans. Avec son association Mahabba-France, il forme les Églises et mène des actions de terrain.
Salah Mokrani est né en 1968 dans la Drôme. Fils d’immigrés algériens, il grandit dans une famille musulmane, dans un contexte qu’il qualifie de difficile. “Comme beaucoup d’enfants d’immigrés, j’étais en échec scolaire, avec des parents illettrés. Mes grand frères étaient tombés dans le banditisme.” Un environnement qui favorise, selon Salah, un certain communautarisme, une crise identitaire, mais aussi la venue d’un courant extrémiste musulman.
“À cette période, je me suis intéressé à l’islam. Mais je n’y ai pas trouvé de sens à ma vie. Ce sens, je l’ai trouvé plus tard dans la foi chrétienne.”
La croix et le poignard
C’est à l’âge de 17 ans que la vie de Salah bascule. “Dans la rue, un mec m’a tendu un tract pour aller voir le film “La croix et le poignard”. C’est l’histoire d’un pasteur qui travaille auprès de gangsters dans le Bronx.” Le jeune homme décide de se rendre à la séance. Touché par une scène où le pasteur parle d’amour à un jeune qui veut le tuer, Salah rentre chez lui avec une Bible. Le lendemain, il apprend que son grand frère Kamel, qu’il n’avait pas vu depuis dix ans, s’est converti au christianisme. “C’était fou ! Alors je l’ai revu, et je ne le reconnaissait pas. Ce jour-là, il m’invite dans un camp chrétien où j’ai vécu un moment extraordinaire. Ma vie n’a plus jamais été la même.”
Lutter contre les préjugés
Depuis, Salah vit pour faire connaître le message de la Bible aux musulmans. “J’ai vite compris que c’était ce que Dieu m’appelait à faire. Alors je le sers. Je vais dans les quartiers sensibles pour parler avec les habitants. Aussi, je visite les Églises, pour les former et les aider à comprendre et aimer les musulmans.” Une mission qu’il mène désormais avec son association Mahabba-France, malgré les nombreux défis à affronter. “Ce n’est pas simple. Il faut appeler un chat un chat. Il y a toujours eu du racisme et du rejet des musulmans en France, et aussi dans nos Églises.” Alors Salah et Mahabba-France s’arment de patience et de pédagogie, pour lutter contre certains préjugés. “C’est un premier grand défi. Ensuite, il faut inspirer les chrétiens à sortir de leurs Églises pour annoncer la Bonne Nouvelle. Il faut également les former pour qu’ils apprennent à comprendre l’islam et les musulmans, pour qu’ils soient en mesure de rentrer dans un dialogue avec eux. Et enfin, il y a un gros travail à faire sur l’accueil et l’accompagnement des nouveaux convertis.”
“Casser la vision déformée du musulman”
Mais Salah est optimiste. Et c’est plein d’enthousiasme qu’il énumère ses rencontres faites au fil des années : un homme salafiste rencontré sur un marché, devenu aujourd’hui un ami. Des Églises de maisons créées dans des quartiers sensibles, “où personne ne va jamais pour annoncer la Bonne Nouvelle”. Alors Salah est à fond. Il ne se fixe aucune limite. “Ce qui m’anime ? C’est l’amour, tout simplement. C’est la même motivation qui a poussé Jésus à venir mourir pour nous sur Terre. Les musulmans doivent être sauvés. Et moi je sens que c’est ma mission.” Une mission qui demande parfois du courage. “J’ai connu des menaces, des situations extrêmement délicates. Alors c’est clair qu’il faut être convaincu de ce qu’on fait. Après, ce courage, il ne peut venir que de Dieu.” Alors Salah invite tous ceux qui le souhaitent à prier pour Mahabba-France, et pour les musulmans.
“Mon espoir, c’est que de plus en plus d’Églises s’ouvrent aux quartiers sensibles et à notre cause. Que les chrétiens osent sortir de leurs murs. Il faut casser la vision déformée du musulman. Il n’est pas un envahisseur, et il a besoin d’entendre parler de l’évangile. »
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