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Une ONG chrétienne assiste à une action de libération d’esclaves au Soudan

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Lors de son voyage au Soudan du Sud, le directeur de la Solidarité Chrétienne Internationale (CSI) Simon Brechbühl a pu s’entretenir avec des personnes qui étaient encore des esclaves quelques semaines plus tôt. Il a été particulièrement ému quand il a rencontré Ater Dau Angong, dont la fille a dû rester au Soudan. Il nous livre ses impressions.

Après un vol intérieur d’une heure et demie et de nombreuses heures de voiture sur des routes cahoteuses, je me retrouve soudain au cœur de l’action, dans le nord du Soudan du Sud. Lorsque je descends du véhicule, je me trouve en face d’une foule timide assise à l’ombre des arbres : trois cents affranchis qui viennent de terminer une marche de quatorze jours depuis le Soudan. Il y a des femmes, des hommes et des enfants. Tous semblent fatigués.

Pour commencer, je leur adresse quelques mots, traduits par Franco Majok, responsable CSI pour plusieurs pays africains. Lui-même est originaire de cette région. « Vous êtes maintenant libres ! CSI vous soutient pour que vous ayez assez à manger et que vous puissiez vous construire une nouvelle existence. Que Dieu vous bénisse ! » Le silence fait place à des cris de joie et la foule applaudit.

Des « kits de survie », du sorgho et des chèvres

Ensuite, l’équipe CSI locale commence son travail par un bilan médical de tous les anciens esclaves. Elle continue en distribuant à chacun un « kit de survie », des céréales et une chèvre laitière. Une prouesse logistique à laquelle je participe avec plaisir !

Ater reçoit un « kit de survie » des mains de Simon Brechbühl. Elle a été enlevée et réduite en esclavage au Soudan à l’âge de 13 ans. Elle a été libérée en mars 2024. csi

Ater reçoit un « kit de survie » des mains de Simon Brechbühl. Elle a été enlevée et réduite en esclavage au Soudan à l’âge de 13 ans. Elle a été libérée en mars 2024. csi

Ce qui m’amuse le plus, ce sont les chèvres, dont certaines sont très capricieuses. L’une d’entre elles parvient même à se détacher. Elle saute dans tous les sens et plusieurs assistants tentent de l’attraper. Lorsque l’animal peut être remis à sa nouvelle propriétaire, l’ambiance est détendue et joyeuse.

Ici, il fait plus de 40 degrés. Après une pause bienfaisante à l’ombre, j’ai l’occasion de m’entretenir personnellement avec quelques esclaves libérés et d’en apprendre un peu plus sur leur vie.

« Aidez-moi à retrouver ma famille ! »

J’ai été particulièrement touché par l’histoire d’Ater Dau Angong. Cette femme a aujourd’hui 33 ans et a été réduite en esclavage à l’âge de 13 ans. « Je me rendais à pied chez ma tante lorsque j’ai été attaquée par une milice arabe et enlevée au Soudan. Là-bas, j’ai été vendue à un grand propriétaire terrien et mariée de force. De cette union est née une fille qui a aujourd’hui 8 ans. Je faisais surtout des tâches ménagères et devais dormir à même le sol. On me donnait juste assez à manger pour que je survive. Mon maître me battait et me violait. »

Une esclave libérée reçoit une chèvre laitière pour subvenir à ses besoins. csi

Une esclave libérée reçoit une chèvre laitière pour subvenir à ses besoins. csi

Je pense que tous mes lecteurs savent ce que c’est que de se trouver dans une situation tellement douloureuse que vous êtes incapable de savoir comment réagir. C’est ce qui m’arrive lorsque je discute avec Ater et j’essaie d’être aussi calme et empathique que possible.

Ater m’apprend ensuite qu’un jour, un homme a négocié sa libération avec son « maître arabe » (c’est ainsi qu’elle nomme son tortionnaire). Il s’agissait du libérateur d’esclaves mandaté par CSI. « Le lendemain, j’ai été libérée. Mais avant cela, mon maître m’a arraché ma fille. » Moi-même, je suis père de trois filles. J’ai le souffle coupé et je compatis du mieux que je peux.

À la fin de notre conversation, Ater me dit qu’elle est reconnaissante à Dieu pour sa liberté retrouvée. « La liberté est le plus grand des cadeaux ! … S’il vous plaît, aidez-moi à retrouver ma famille ! » Ater espère revoir ses parents, ses trois sœurs et ses quatre frères.

Un avenir libre et digne

À la fin de cette journée riche en événements, les affranchis sont accueillis dans la communauté villageoise. Une fête est organisée et ils pourront vivre ici jusqu’à nouvel ordre. Dans les jours à venir, CSI aidera à retrouver les familles et les proches des esclaves libérés pour qu’ils puissent être réunis.

Quand je demande à Franco quel est l’avenir des Sud-Soudanais libérés, il me répond sans hésiter : « La plupart d’entre eux auront un travail simple et certains pourront vivre avec leur famille, si nous parvenons à retrouver des proches qui sont encore en vie. Ceux qui n’ont plus personne pourront rester dans cette communauté villageoise. » CSI soutient ces villages en leur fournissant des denrées alimentaires, des semences et en construisant des puits.

Au terme de ces moments émouvants, je laisse le groupe d’affranchis à sa nouvelle vie et j’entame le voyage du retour cahoteux avec l’équipe locale de CSI. Mais je ne serai plus comme avant, je réalise mieux le privilège que j’ai de vivre en liberté.

Simon Brechbühl, directeur de CSI-Suisse

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