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2017, année noire pour les chrétiens d’Egypte

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Près d’une centaine de chrétiens coptes ont été tués en Égypte, pour des motifs religieux selon toute évidence, et presque toujours par les terroristes de l’Etat islamique.

Meurtre de trois chrétiens coptes

Le 3 janvier 2017, un islamiste a tranché la gorge du chrétien copte Youssef Lamai à Alexandrie en criant « Kafir ! » (incrédule) et « Allahu akbar ! » (Allah est plus grand). Les caméras de surveillance d’un magasin ont enregistré le meurtre. Seulement trois jours plus tard, un couple chrétien a été tué dans son appartement. On leur avait également tranché la gorge. La famille exclut un vol, car il ne manquait ni argent, ni objets de valeur. Auprès du public, la police a essayé vainement de faire passer cet acte pour une tentative de vol avec meurtre, et n’a pas retenu le motif religieux. De nombreux Coptes n’ont accordé que peu de crédit à cette version. Ils sont choqués par la cruauté des homicides et supposent que les deux victimes ont dû mourir à cause de leur foi.

Le chirurgien chrétien Dr Bassam Safwat Atta a été retrouvé assassiné dans son appartement, avec une entaille profonde au cou, le 13 janvier 2017. Là aussi, ni l’argent ni les bijoux de son épouse n’ont été touchés. Leur voisin, Mokhles Mageh, est persuadé que le médecin a été tué par un tueur professionnel. Feu le Dr Atta était très aimé et on le nommait « le médecin pour les pauvres ». Le Dr Michael Ramsey, un collègue de travail du défunt dans l’hôpital Dairut, raconte : « Le Dr Atta était hautement estimé par tous les collaborateurs de l’hôpital. Il soignait de nombreux malades, chrétiens et musulmans, sans leur demander quoi que ce soit, s’ils n’avaient pas les moyens de payer »

Enfin, Fayez Younan (37 ans) a été retrouvé mort dans son appartement du Caire, lui aussi avec la gorge tranchée. « Il n’y a pas le moindre indice d’une dispute préalable. Tout était en bon ordre et le porte-monnaie contenant de l’argent se trouvait encore dans sa poche de pantalon », explique son frère Magdy Younan. La victime laisse derrière lui son épouse et deux enfants âgés de 10 et 12 ans.

Une chrétienne de 70 ans brutalisée

L’humiliation de la chrétienne Soad Thabet (70 ans) à al-Karm (province de Minya) a causé l’indignation dans toute l’Égypte, notamment parmi les musulmans. Environ 300 hommes armés avaient d’abord pillé les maisons de sept familles coptes et incendié quatre d’entre elles, avant de saisir Soad Thabet et de la pousser nue à travers les rues.

C’est grâce à l’action courageuse d’un voisin musulman, Ramadan Kamal, que Soad Thabet n’a pas été assassinée : en prenant un grand risque, il a réussi à la libérer des mains de ses bourreaux armés et à la cacher dans sa maison. L’attaque contre cette femme faisait suite à une rumeur qu’un autre voisin musulman avait semée : celui-ci prétendait que le fils de Soad Thabet avait une liaison avec sa propre femme ; ce prétexte lui aurait permis de la répudier aisément, mais cette dernière a nié toute liaison.

Des chrétiens contraints à l’exil 

Après l’assassinat de trois chrétiens en trois jours, des centaines de chrétiens se sont enfuis de la ville d’El-Arich située sur la péninsule du Sinaï. Dans un message vidéo, la milice terroriste État islamique (EI) avait auparavant menacé d’exterminer les chrétiens du Sinaï.

Des islamistes militants avaient envahi la maison de Kamel Youssef, plombier, et l’avaient abattu devant sa famille. Deux jours auparavant, Saied Hakim avait été également abattu par des hommes masqués ; son fils avait été enlevé le même jour et brûlé vif.

Des chrétiens menacés par l’Etat islamiste

D’après ce que l’on sait, les meurtres ont été perpétrés par des extrémistes de la « Province du Sinaï », une filiale régionale de l’Etat islamique. Le 19 février 2017, l’Etat islamique avait menacé dans une vidéo de tuer tous les chrétiens du Sinaï. Dans le message vidéo de vingt minutes, le kamikaze Abu-Abdullahi al-Masri était reconnu comme un héros ; ce dernier aurait perpétré l’attentat à la bombe du 11 décembre 2011 contre la chapelle de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul au Caire, qui a fait 29 victimes. Dans cette vidéo, le terroriste de l’EI a lancé la menace : « À l’avenir, nous effectuerons encore davantage de telles opérations, si Dieu le veut ! »

Selon l’organe d’informations catholique l’Agence Fides, les institutions musulmanes ont condamné la nouvelle vague de violence contre les chrétiens coptes égyptiens. Le Dar Al-Iftaa, sous la direction du grand mufti d’Égypte, souligne que la campagne djihadiste contre les chrétiens a pour but de saper l’unité nationale. Lors d’un appel téléphonique, le patriarche copte orthodoxe Tawadros II et le Premier ministre égyptien Chérif Ismaïl se sont concertés en vue d’offrir une protection urgente aux chrétiens menacés de nouvelles attaques.

Depuis la prise de pouvoir en 2013, le gouvernement lutte contre des rebelles issus des Frères musulmans et de groupes salafistes qui répandent la terreur au nom de l’Etat islamique. Jusqu’à présent le pouvoir n’a pas pu mettre en place une protection suivie contre les attaques régulières perpétrées par des islamistes.

Des chrétiens tués en plein jour des Rameaux

Le dimanche des Rameaux, la communauté copte d’Égypte a été secouée par deux attentats à la bombe dans les villes de Tanta et d’Alexandrie. On déplore au moins 44 victimes. Le patriarche copte orthodoxe Tawadros II a échappé à l’attentat.

La première bombe a explosé dans l’église orthodoxe Saint-Georges, très fréquentée, dans la ville de Tanta située à environ 60 kilomètres au nord du Caire. Au moins 27 fidèles y ont laissé la vie, et 78 autres ont été blessés, pour certains grièvement. Selon des médias locaux, l’explosif avait été fixé sous une chaise.

Les services de sécurité ont probablement empêché le pire
Quelques heures plus tard, un kamikaze a voulu pénétrer dans la cathédrale patriarcale copte orthodoxe Saint-Marc, dans la ville côtière d’Alexandrie. Les services de sécurité l’ont empêché d’entrer mais il a pu néanmoins déclencher la bombe. Au moins 17 personnes ont perdu la vie, 48 autres ont été blessées.

Au moment de l’attentat, le chef de l’Église copte orthodoxe, le patriarche Tawadros II, se trouvait dans l’église ; il avait parlé aux fidèles peu avant l’explosion. Il en est sorti indemne. Plus tard, il a déclaré à la télévision d’état : « Ces actes ne détruiront pas l’unité et la cohésion des Égyptiens. »

Selon les rapports des médias, les forces de l’ordre ont pu désamorcer deux autres charges explosives devant la mosquée Sidi Abdel Rahim à Tanta.

Après les attentats destructeurs, le pape François a présenté ses condoléances aux Coptes et au peuple égyptien. Le chef de l’Église catholique se rendra probablement fin avril 2017 en Égypte pour une visite.

L’état d’urgence est annoncé
Le dimanche 9 avril 2017, Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a décrété le retour de l’état d’urgence pour les trois prochains mois. Celui-ci entrera en vigueur dès que les mesures du droit constitutionnel seront prises. « Cela sera fait dans le seul but de protéger notre pays », a justifié le président.

Série de meurtres continuels contre les chrétiens
La milice terroriste État islamique (EI) a revendiqué les attentats qui constituent la suite d’une triste série d’attaques mortelles contre les chrétiens d’Égypte. Le 11 décembre 2016, 25 personnes, surtout des femmes et des jeunes filles, ont perdu la vie dans l’église Saint- Pierre et Saint-Paul au Caire. Au cours des premiers mois de cette année, plusieurs chrétiens égyptiens ont été assassinés par des islamistes, notamment sur la péninsule du Sinaï.

Environ dix pour cent des quelque 94 millions d’habitants de l’Égypte sont des chrétiens coptes. Pour la plus grande partie, ils vivent en paix avec la majorité musulmane de la population. Les tensions existent surtout dans les régions rurales.

Après la chute du président islamiste Mohammed Morsi en 2013, les attaques contre les chrétiens ont augmenté. Sous le président al-Sissi, la situation s’est légèrement améliorée. Mais le problème de la terreur contre les minorités religieuses demeure.

Attentat meurtrier dans le gouvernorat de Minya

Au matin du 26 mai, une dizaine d’hommes masqués se faisant passer pour un groupe de militaires a ouvert le feu sur deux bus transportant des pèlerins coptes vers le monastère Saint-Samuel, au sud du Caire. À eux deux, les autocars comportaient une soixantaine de personnes, dont une quarantaine d’enfants. L’attaque s’est produite sur une route non goudronnée qui mène à Maghagha. L’un des cars arrivait de Beni Suef, l’autre d’al-Minya. Un troisième véhicule — une camionnette transportant des ouvriers — a aussi été pris dans les tirs. Les assaillants ont ensuite pris la fuite. L’attaque a fait au moins 35 morts et 26 blessés.

Les djihadistes ont fait descendre plusieurs passagers coptes puis leur ont ordonné de renier leur foi, un à un, ce que tous ont refusé. Les coptes ont alors été exécutés par balles à bout portant, sans que les enfants ne soient épargnés. L’un des bus ne transportait que des enfants ; seuls trois d’entre-eux ont survécu.

L’attentat s’inscrit dans le cadre de la montée des persécutions contre la minorité copte et fait suite au double-attentat du dimanche des Rameaux, survenu le 9 avril 2017.

Le jour même, dans la nuit, des F-16 escorté par deux Dassault Rafale de l’Armée de l’air égyptienne procède à six bombardements de précision à Derna, dans l’est de la Libye, contre des camps d’entraînement de groupes djihadistes liés à al-Qaïda. Le 27 mai, une deuxième frappe a lieu.

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