26 octobre 2024Reuters

A Gaza, l’armée israélienne quitte l’hôpital Kamal Adouane après sa prise d’assaut-ministère

par Nidal al-Mughrabi

LE CAIRE (Reuters) -Les forces israéliennes se sont retirées samedi du complexe hospitalier de Kamal Adouane dans le nord de la bande de Gaza, au lendemain de sa prise d’assaut, a déclaré le ministère de la Santé de Gaza.

Les soldats ont arrêté des dizaines de membres du personnel médical et certains patients de l’hôpital, l’un des trois encore en état de fonctionner à Gaza, et qui a fait l’objet d’un raid israélien vendredi, ont ajouté les autorités sanitaires.

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Des images diffusées par le ministère gazaoui – que Reuters n’a pas été en mesure de vérifier dans l’immédiat – montrent des dégâts dans plusieurs bâtiments.

Les médecins ont déclaré qu’au moins 44 des 70 membres de l’équipe de l’hôpital ont été arrêtés par l’armée. Ils ont ensuite indiqué que l’armée avait relâché 14 d’entre eux, dont le directeur de l’établissement.

Un porte-parole de l’armée israélienne a refusé de commenter. Vendredi, l’armée israélienne a déclaré avoir mené des opérations dans la zone de l’hôpital sur la base de renseignements « concernant la présence de terroristes et d’infrastructures terroristes ».

Selon les médecins, au moins deux enfants hospitalisés en soins intensifs sont morts après que des tirs israéliens ont endommagé des générateurs et la station d’oxygène de l’hôpital vendredi.

Le personnel médical a refusé les ordres d’évacuation de l’armée israélienne ou de laisser les patients sans surveillance. Au moins 600 personnes se trouvaient dans l’hôpital, y compris des patients et leurs accompagnateurs, avant le raid de l’armée, ont déclaré les médecins.

« La sécurité et la vie des patients laissés à l’intérieur de l’hôpital Kamal Adouane sans personnel médical et sans les médicaments dont ils ont tant besoin sont maintenant en danger », a déclaré le directeur des hôpitaux de campagne au ministère palestinien de la Santé, Marwan Al Hams.

Trois infirmiers ont été blessés au cours du raid et trois ambulances ont été détruites, selon le ministère.

Les frappes militaires israéliennes sur les villes de Jabalia, Beit Hanoun et Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, ont jusqu’à présent fait environ 800 morts au cours des trois dernières semaines, a ajouté le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas.

Samedi, des frappes israéliennes sur une zone résidentielle de Beit Lahiya ont fait au moins 30 morts, a rapporté l’agence de presse officielle palestinienne Wafa. Israël n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat et le ministère de la Santé de Gaza n’a pas confirmé le bilan des victimes.

Israël, qui a déclaré que trois de ses soldats étaient morts lors de combats dans le nord de la bande de Gaza, affirme que ses forces y sont retournées pour éliminer des combattants du Hamas qui s’y étaient regroupés.

SITUATION DÉSASTREUSE

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a qualifié la situation dans le nord de la bande de Gaza d' »extrêmement désastreuse » et a demandé à ce que les personnes qui souhaitent évacuer puissent le faire en toute sécurité.

« La poursuite des ordres d’évacuation et des restrictions à l’introduction de produits de première nécessité laisse la population civile restée dans le nord de la bande de Gaza dans une situation épouvantable », a déclaré le CICR dans un communiqué samedi.

« Les hôpitaux sont sommés d’évacuer, ce qui risque de laisser un vide en termes de services médicaux pour les nombreux civils qui restent, et ils manquent cruellement de ressources alors que de nouveaux patients continuent d’arriver », a ajouté le CICR.

Les incursions israéliennes dans le nord de la bande de Gaza et la prise d’assaut de l’hôpital Kamal Adouane constituent une violation du droit humanitaire international qu’Israël n’aurait pas pu commettre sans « la protection des pays occidentaux », a déclaré Bassem Naïm, haut responsable du Hamas.

Israël accuse régulièrement le Hamas d’exploiter la population et les infrastructures civiles, y compris les hôpitaux et les mosquées, à des fins militaires. Le Hamas rejette ces accusations.

L’armée israélienne a déclaré samedi qu’elle avait élargi la zone humanitaire d’Al Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, où l’armée a par le passé demandé aux Palestiniens de se rendre lorsqu’ils étaient contraints d’évacuer.

En Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont tué samedi un membre du Hamas lors d’un raid dans la ville de Toulkarem, ont-elles annoncé dans un communiqué, ajoutant qu’il planifiait une attaque imminente.

L’homme, identifié par le Hamas comme Islam Djamil Aouda, est mort « en affrontant les forces d’occupation qui l’ont assiégé pendant des heures dans une maison du camp de Toulkarem », a déclaré le mouvement islamiste.

(Reportage Nidal al-Mughrabi, avec la contribution d’Ali Sawafta à Ramallah, version française Kate Entringer)