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Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. Jean 4:24

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Dieu est Esprit. Ce verset représente l’affirmation classique sur la nature de Dieu comme Esprit : Dieu est invisible (Colossiens 1 :15 ; 1 Timothée 1 :17 ; Hébreux 11 :27), par contraste avec la nature physique, matérielle, de l’homme (Jean 1 :18 ; 3 :6). L’ordre des mots dans la phrase grecque souligne le terme « Esprit », et la phrase est emphatique : on ne peut jamais saisir quelque chose du Dieu invisible à moins qu’il ne se révèle lui-même, comme il l’a fait dans l’Écriture et dans l’incarnation.

Dieu est Esprit

Que voulait dire Jésus à la Samaritaine par cette définition de Dieu ?

D’abord, que Dieu n’a pas de corps. Par conséquent, il n’est pas sujet aux limitations et aux conditions auxquelles la possession d’un corps soumet les humains. Il n’a besoin ni de place spéciale, ni de temple, ni d’offrandes matérielles. L’une des questions que la femme avait posée à Jésus concernait le lieu où il fallait adorer (Garizim ou Jérusalem ?). Un Dieu-esprit ne connaît pas ces limitations spatiales.

Ensuite, un Dieu-esprit n’a pas non plus besoin de formes extérieures de culte ni d’un rituel élaboré, mais d’un culte en esprit, en toute simplicité. Les offices cultuels élaborés par les différentes fractions du christianisme ont plutôt obscurci cette vérité de la nature spirituelle de Dieu et du culte qu’il demande. Ils ont assimilé la foi chrétienne aux autres religions, éloignant d’elle des esprits sincères assoiffés d’une communion spirituelle avec Dieu.

Quelques remarques sur la formulation grecque de cette déclaration :

Il n’y a pas de verbe : pneuma ho Theos littéralement : Dieu esprit. Ce n’est pas l’existence de Dieu que Jésus souligne, mais sa nature. L’homme naturel a un profond désir de matérialiser les objets de son adoration, de représenter Dieu. Cette tendance est à l’origine de l’idolâtrie. Il est dangereux de vouloir faire des sens des alliés de l’esprit, car une fois qu’ils ont commencé, ils combattront pour leur propre compte, et l’histoire de tout culte symbolique et cérémoniel montre que cette expérience risque bien plus de finir par une religion basée sur les sens que de promouvoir un sens spirituel.

Les traductions de la formule mettent l’accent sur le mot esprit, bien qu’il ne soit que l’attribut et non le sujet. Comme dans Jean 1 :1, le sujet se distingue de l’attribut par l’article et empêche la réversibilité des deux termes. theos èn ho logos n’est pas équivalent à ho theos èn ho logos que l’on aurait pu inverser. De même, dans 1 Jean 4 :16, Dieu et amour ne sont pas réversibles : l’amour n’est pas Dieu. De même ici, on ne peut pas dire que tout esprit est Dieu. 1 Jean 1 :5 (ho theos phos estin : Dieu est lumière ; ho theos agapè estin : Dieu est amour) montrent qu’on ne peut pas traduire Jean 4 :24 par « Dieu est un esprit » – pas plus que Dieu est une lumière ou Dieu est un amour. Les trois expressions définissent la nature de Dieu.

L’ordre des mots. Dans l’original, l’attribut précède le sujet pour souligner la nature spirituelle de Dieu (voir Matthieu 5 :3 ; Luc 1 :42 ; 2 :3,4…). Dieu est l’esprit absolu et inconditionné, que l’esprit limité de l’homme ne pourra jamais connaître comme le Fils l’a connu (Matthieu 11 :27).

L’article défini devant Dieu (ho Theos). Pour les anciens Grecs, cette expression désignait le Dieu absolu par opposition aux dieux mythologiques. Le mot Theos avec article s’emploie dans le Nouveau Testament pour le Dieu des chrétiens, pour la première Personne de la Trinité. Il est ici synonyme de Père.

Les différents sens de pneuma dans le Nouveau Testament éclairent l’affirmation de Jésus ici.

Le sens de theos se dégage de l’étude assidue de l’Ecriture : Dieu s’y définit par ce qu’il fait. Jésus complète cette définition en y ajoutant la notion de Père (dans les versets précédents). Un Père est quelqu’un qui a des enfants. Le nom de Dieu-Père implique la réalité de la naissance spirituelle dont Jésus a parlé à Nicodème dans le chapitre précédent. Ce Dieu s’est incarné (Jean 1) afin que nous puissions devenir un seul esprit avec lui.

Adorer en esprit et en vérité.

Jésus ne parle pas ici de l’adoration en termes de désir, mais comme quelque chose d’absolument nécessaire.

Le terme « esprit » ne renvoie pas ici au Saint-Esprit, mais à l’esprit humain. Jésus veut souligner qu’il n’est pas question d’une adoration où l’on se contente de respecter extérieurement des rituels ou des sites religieux, mais d’une adoration intérieure, qui correspond à l’attitude de cœur appropriée.

L’allusion à la « vérité » souligne que cette adoration doit être cohérente avec la révélation des Ecritures et centrée sur « la Parole faite chair » qui a révélé de façon suprême le Père (Jean 14 :6).

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