Xi Jinping arrive en France, tensions commerciales et Ukraine au menu
par John Irish et Ingrid Melander
PARIS (Reuters) – Le président chinois Xi Jinping est arrivé dimanche à Paris pour une visite officielle de deux jours pendant laquelle Emmanuel Macron va l’inciter à réduire les déséquilibres commerciaux et tenter de le convaincre de faire pression sur la Russie pour qu’elle mette fin à la guerre en Ukraine.
Ces deux objectifs paraissent cependant difficiles à atteindre dans un contexte d’aggravation des tensions commerciales entre l’Europe et la Chine.
La France a ainsi poussé l’Union européenne à ouvrir une enquête sur les subventions accordées par la Chine à ses constructeurs de véhicules électriques, au grand dam de Pékin qui a riposté en janvier en initiant sa propre enquête sur les importations de cognac.
« Nous devons continuer à inciter les autorités chinoises à nous donner davantage de garanties sur les questions commerciales », a déclaré un conseiller de l’Elysée avant l’arrivée du dirigeant chinois.
L’avion transportant Xi Jinping s’est posé dimanche un peu avant 16h00 (14h00 GMT) à l’aéroport d’Orly, où l’attendait le Premier ministre Gabriel Attal.
« Il y a 60 ans, nos deux pays ont eu le courage de briser les barrières de la guerre froide (…) Depuis lors, les relations sino-françaises ont toujours su être à l’avant-garde des relations entre la Chine et l’Occident, donnant un exemple de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant entre des pays aux systèmes sociaux différents », a dit Xi Jinping dans une allocution écrite diffusée à son arrivée.
Le président chinois, qui se dit prêt à « consolider l’amitié traditionnelle, renforcer la confiance politique mutuelle, bâtir une convergence stratégique et approfondir les échanges et la coopération » avec la France, doit s’entretenir lundi avec Emmanuel Macron et avec Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
DIALOGUE DE SOURDS ?
Les divisions au sein des Vingt-Sept, notamment entre la France et l’Allemagne, qui n’était pas favorable à l’enquête sur les véhicules électriques chinois par crainte de perdre des parts de marché en Chine, amoindrissent toutefois la capacité de ces derniers à influencer Pékin.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, ne pourra pas se rendre à Paris pour participer aux échanges, en raison d’autres engagements, ont déclaré des sources.
« Difficile d’avoir de l’influence si les dirigeants européens envoient des messages contradictoires à Xi », constate Noah Barkin, analyste au sein de Rhodium Group.
La France s’efforce par ailleurs de convaincre la Chine de faire pression sur la Russie pour que cette dernière mette fin à son agression en Ukraine, sans résultat tangible, les deux voisins s’étant au contraire rapprochés sur les plans militaire et commercial depuis le début du conflit.
« La Chine étant l’un des principaux partenaires de la Russie, notre objectif est de recourir à son influence sur Moscou afin de changer les calculs de Moscou et d’aider à contribuer à la résolution du conflit », a déclaré le conseiller de l’Elysée.
« Si les Chinois cherchent à approfondir leur relation avec leurs partenaires européens, il est très important qu’ils entendent notre point de vue et qu’ils commencent à le prendre au sérieux », veut croire une source diplomatique française.
Xi Jinping et Emmanuel Macron se rendront mardi dans les Pyrénées, région qui a vu naître la grand-mère maternelle du président français.
« (Emmanuel) Macron est toujours en train de faire du charme, il essaie de rallier les dirigeants étrangers à sa cause en établissant une relation personnelle avec eux », souligne Noah Barkin.
« J’espère toutefois qu’il ne se fait pas d’illusions et qu’il ne pense pas qu’emmener Xi (Jinping) sur un lieu de son enfance important pour lui va l’émouvoir et mener à un compromis avec Pékin. »
Le dirigeant chinois quittera la France mardi pour se rendre en Serbie avant d’achever sa tournée européenne en Hongrie.
(John Irish et Michel Rose, avec Noémie Olive à Orly, rédigé par Ingrid Melander et Tangi Salaün)